Oliveira et la jeune fille blonde

Vu au Festival du cinéma européen de Séville

Singularités d'une jeune fille blonde

«Je te raconte à toi, inconnue, ce que je ne raconterai pas à un ami». C’est ainsi que commence ce film, une narration littéraire adaptée d’un récit de Eça de Queiros, l’auteur "El crimen del padre Amaro" et auquel ce film rend un hommage par une digression.

Les personnages de l'oeuvre de Queiros



Fenêtre à l’intérieur d’une fenêtre, porte qui s’ouvre sur une autre porte, miroir qui reflète un escalier. Des espaces improbables qui interrogent le temps et les sentiments d’un personnage qui poursuit l’objet de son désir.


Comment actualiser cet objet de désir si virtuel, ce tableau dans un tableau, portrait incrusté dans la réalité d’une jeune fille blonde à l’éventail chinois, de dragons et de plumes ?



Le réalisme de Queiros, influencé par Emile Zola, se manifeste dans la critique d’une haute bourgeoisie portugaise figée dans le XIX ème siècle –notons ici le parallélisme avec La pianiste de Haneke. Mais cela ne semble pas être l’objet de Oliveira.
Portes et fenêtres, n’a-t-on pas là les artifices d’un plan qui permet au cinéaste de décrire les pièges de l’imaginaire ? Oliveira réalise ce que Jean-Luc Godard nomme l’image-pensée, l’image qui montre, révèle avant même d’être interprétée. Pour Oliveira «la vision est subjective, vient des yeux et du cerveau. Avec un plan, un encadrement, l’on voit tout d’un coup : l’image peut s’arrêter, se transformer en un tableau, alors que les mots passent dans le temps».



Avec ingénuité, le héros réalise l’objet de son désir et nous dit : «C’est avec la réalité et avec l’art que commence l’amour». La réalité le mènera à la ruine pour l’amour d’une inconnue, qu’il abandonnera finalement au coin d’une rue. Quant à l’art, Oliveira cherche la référence, la plus-value culturelle qui, à partir du décor et de l’éclairage, puisse représenter une peinture extrêmement codifiée.