Arkhos et Kratos

Nous tentons ici une approche aux questions soulevées dans la page L’athénien et le tunisien par celle ou celui qui doute des régimes politiques que les sociétés ont mis en place, en fonction des circonstances sous différentes latitudes, sous le nom de démocratie. Elles nous ramènent aux fondements républicains que sont l’égalité et la liberté, revendiquées dès le début de cette page, mais qui expriment en fait une nécessité : que la singularité que représente chaque individu puisse rencontrer, à chaque moment, dans la société qui définit son environnement, les moyens d’action de son potentiel. En d’autres termes, que la fonction biologique soit l’élément qui conditionne l’organisation de la vie en commun.


Dans ces conditions, la démocratie serait la réponse. Encore faut-il qu’elle ne soit pas l’idée que le pouvoir de quelques uns doive agir pour le bien du plus grand nombre mais qu’elle signifie que le plus grand nombre a vocation à s’occuper des affaires communes. L’égalité fondamentale concerne d’abord la capacité de n’importe qui à discuter des affaires de la communauté et à les mettre en œuvre.

La globalisation


Il est évident que la globalisation nous a offert de façon éclatante l’universalisation, c’est-à-dire une certaine uniformité (voir dans ce Blog le dossier:  Les règles du jeu). Il y a une tendance à rechercher un dénominateur commun qui globalise des évènements locaux comparables d’une région à l’autre. La volonté qu’ont les pouvoirs dominants à faire appliquer, sinon à imposer leur régime, qu’ils définissent comme démocratique, à d’autres sociétés, fait que la démocratie peut aujourd’hui être savourée à toutes les sauces : démocratie partielle, démocratie d’opinions, monarchique et parlementaire, monarchique de droit divin à la marocaine, théocratique à l’iranienne ou putanocratique à l’italienne sous l’ère de Berlusconi… Mais dans tous les cas nous sommes devant des oligarchies.
La globalisation c’est encore la libéralisation économique. dans bien des pays, les minorités au pouvoir se sont emparées de pans entiers de l’économie nationale organisant ainsi un système patrimonial. Des régimes ont bénéficié de la libéralisation en développant un patrimonialisme sur lequel d’autres régimes, bien que plus soucieux de leur image, ont fermé les yeux pour défendre les intérêts de certains au détriment de l’ensemble.  Les élus directs du peuple déguisent ce patrimonialisme en offrant les mêmes pans de l’économie à ceux qui le leur rendent bien. Ce sont principalement les Entreprises de la construction, des services (combustibles,  téléphonie) ou les médias (journaux ou chaînes de télévision).



Oligarchie

La logique du capital est que la richesse est consacrée comme objectif permanent, répondant à la satisfaction de la consommation et, qu’en fait, le capitalisme est l’axe central de l’existence. Cette logique, qui est celle du marché, est ancrée dans le manque et l’égoïsme. Une des causes principales des crises de ce système est qu’une oligarchie favorise la croissance des demandes qui devient incontrôlable, occulte avec soin cette impossibilité de répondre à ces demandes et travestit la réalité par la rhétorique politique et par les promesses qui ne peuvent être tenues. C’est là l’une des formes de corruption des régimes dits démocratiques.

L’enfant…naît dans cette corruption

Les sociétés dites “démocratiques” dans lesquelles nous vivons ne sont pas en réalité des démocraties. Elles sont des oligarchies, c’est-à-dire le gouvernement de quelques-uns.
Tout le monde est supposé membre de la communauté, mais le nombre de ceux qui décident est limité. Le fonctionnement du pouvoir fait que les élites dominantes s’autorecrutent et que les décisions échappent à la discussion de la majorité.
Le rapport à la notion de démocratie est ambigu. On la revendique comme idéologie mais il y a dans ces régimes dits démocratiques un rejet de l’égalité car aucun d’entre eux n’admettrait le fait que personne ne soit fondé à avoir plus de compétence en matière politique qu’un autre.

La démocratie athénienne présentait une caractéristique remarquable en désignant les responsables politiques par tirage au sort dans la communauté –bien qu’elle porta en elle le germe de la contradiction quant à l'absence de toute domination en excluant les femmes, les esclaves, les étrangers.
De nos jours, la notion de démocratie, à partir de l’expérience d’Athènes, ne peut s’incarner dans aucune forme politico-juridique ni être caractérisée par le suffrage universel de la représentation parlementaire. Ce sont des instruments utilisés à leur profit par des régimes en fait oligarchiques dans un cadre “démo-archique". Pour Jacques Rancière, l’objectif principal de cette représentation est la conciliation de deux finalités compatibles et essentiellement complémentaires : le gouvernement des meilleurs (aristo-kratie) et de ceux qui défendent l’ordre social imposé par la défense de privilèges. Grâce à la conjonction de ces deux finalités, combinées aux lois et institutions qu’impose la démocratie, cette classe dominante dispose des instruments nécessaires pour exercer sa domination et, de plus, donner une réponse aux désirs de la société de masse moderne.

La démocratie comme scandale

Un régime peut rendre plus démocratique sa représentation par des mandats des élus plus courts et non cumulables, etc… mais cela ne signifie pas qu’il incarne la démocratie dans la mesure où il gouverne selon un système politico-juridique. La démocratie serait aujourd’hui un état de la société qui n’est jamais réalisé, une puissance d’action contre la confusion des pouvoirs qui rend permissive la domination. Si nous suivons Jacques Rancière (La haine de la démocratie), la notion de démocratie est éminemment subversive car elle remet en cause tous les principes ou fondements d’Autorité (Arkhé) : le savoir, la richesse, la naissance…

Ce mot a une puissance de scandale nous dit Rancière. Car pour ceux qui pensent que gouverner revient à ceux qui ont des titres à le faire –et qui le feront –car garants de l’ordre social en tant que savants, experts, appartenant à des grandes familles ou détenteurs de richesses, il n’est pas supportable de laisser le Pouvoir (Kratos) à la multitude, á ceux qui n’en ont pas les “qualités”

La démocratie n’est donc pas une forme de gouvernement ou un régime. Elle est le fondement de la politique elle-même. Elle est l’affirmation du pouvoir (Kratos) de tous «qui renvoie toute domination à son illégitimité première».

Le politique

Le rejet de l’autoritarisme se manifeste donc dans une dimension morale, éthique. Il représente le politique. Suivons Merleau-Ponty sur ce point La politique concerne un complexe de pouvoirs, d’opinions et de représentations. Il y a les cyniques qui s’adressent à la collectivité comme à des masses corrompues par la société de consommation et de spectacle, qui se satisfont de leur volonté et de la noblesse de leurs sentiments. Il y a les coquins technocrates qui réduisent la politique à un art des moyens. Aucun parti ne dit ouvertement ce qu’il est et ce qu’il fait, chacun a son double jeu. Face à la politique du mensonge des partis, il y a une politique de la vérité (voir: Merleau-Ponty). Le politique n’est pas la politique, mais la recherche du bien commun et la participation de tous à cette recherche[1] .

Notes
[1] Lorsque l’on dit  “tous”  les résidents étrangers doivent être considérés comme des citoyens à part entière car ils participent du projet social en cours. La citoyenneté devrait être attachée à la résidence et non pas seulement à la nationalité. C’est là un impératif démocratique.


L'athénien et le tunisien

Les hommes ne cesseront jamais de chercher la lumière
(Hisham Matar, écrivain libyen)

Je suis un jeune Tunisien ou une égyptienne ou libyenne qui vit une révolte au sein d’une multitude  dans ce premier trimestre de 2011. 
Cette multitude a fait tomber un pouvoir d’Etat et en ramasse les restes, ou du moins pense être en mesure de le faire. Mon action, comme  celle des autres individus, chacun avec la singularité qui le caractérise, a été essentiellement émotionnelle. C’est l’affect qui nous pousse. A moins que certains soient téléguidés… Quoi qu’il en soit, j’agis comme l’un des individus sociaux  de cette multitude que nous formons, c’est-à-dire que «j’exhibe ma propre ontogenèse, ma propre formation avec ses différents strates, ses différents éléments constitutifs»[1].

   
On ne peut mendier sa liberté aux autres, on la prend  
Comment garantir l’égalité non seulement dans la loi mais aussi dans les chances de chacun? La liberté de chacun dans un monde où l’économie n’est pas transparente, ni contrôlée par les individus libres est un leurre car c’est une telle économie qui engendre les inégalités et la domination. Lorsque le ventre est (relativement) plein, il s’accompagne facilement d’une acceptation de la perpétuation des structures inégalitaires. Mais quand le pain manque,  alors jaillit le besoin de liberté, contredisant Rousseau  lorsqu’il dit que «le pauvre aime mieux le pain que la liberté».

Pour ma part, je me pose la question de ma responsabilité :
¿Comment reconstruire cet Etat ? Ou  plutôt ¿comment inventer, ne pas copier des modèles que les régimes actuels dits démocratiques cherchent à m’imposer ?   
Toute transformation ¿sera-t-elle assez radicale comme pour donner à ma propre existence la place et l’importance qui lui correspondent comme vie humaine au sein de la biologie terrestre ? J’entends par là : la place et l’importance maximales que la société humaine peut définir dans l’écologie qui la maintient. 
¿Ais-je les qualités nécessaires pour participer à une telle aventure ?   
Si elles sont nécessaires, ¿sont-elles suffisantes, si je prends en compte la force  imparable d’une technologie qui m’influence, me transforme avant que je prenne la mesure de ses effets?
¿Pourquoi mon éducation ne m’a-t-elle pas préparé au développement de ces qualités ?
¿Pourquoi notre biologie sait-elle reconnaître ce qui est juste et ce qui ne l’est pas alors que notre éducation nous introduit dans le moule de ce qui ne l’est pas ? Pourquoi nos relations dans un monde globalisé se limitent-elles de plus en plus au spectacle de notre communication ; lequel devient la quintessence de notre mode de production ?
Cette multitude s’est “exposée au regard des autres”. Elle se définit comme sujet et se doit d’affirmer sa capacité d’invention si elle tient à défaire le tissu social cancéreux qui l’enveloppe, à éliminer les métastases qui rongent son économie et réaliser un tissu sain et solide.   
¿Cela est-il réalisable dans une seule zone géographique isolée sans que les bombes d’un marché globalisé ne lui tombent dessus, causant probablement plus de dommages encore que celles que lance un tyran sur sa population ?    

Si mon “exhibition au regard des autres”,  ou plutôt aux lunettes déformantes de leurs médias,  me presse à prendre mes responsabilités dans le sens qu’ils souhaitent, je résiste pourtant à copier le modèle de vos régimes dits démocratiques.   
Vos empires déclinant n’ont-ils pas humilié et asservi nos corps ? Et qu’ont-ils à offrir ceux qui ont mis leur démocratie entre parenthèses selon les circonstances, regardant ailleurs lorsque des dictatures se sont installées à leurs frontières, asservissant leurs propres populations, les envoyant à la mort dans des camps d’extermination  ou sous des bombes chaque fois plus mortifères. L’idée de démocratie ¿n’a-t-elle pas été remise en cause lorsque la jeune république espagnole a été embrasée et réduite en cendres par une guerre civile ? Ses voisins dits démocrates, se perdaient dans des débats sur une intervention dont ils laissèrent le honteux privilège à l’aviation de régimes totalitaires.
Dois-je me résoudre à voir dans votre modèle un premier pas nécessaire qui nous situerait tous dans la position commune favorable à une transformation progressive, alors que ce modèle expose clairement à nos regards l’augmentation des injustices dans la répartition des richesses et la mise en danger de notre survie par ses excès ?

Ce pouvoir que je ramasse, ¿comment en faire mon pouvoir, le pouvoir de la multitude, le Kratos de la démo ?
Car c’est bien de pouvoir dont il s’agit. ¿N’est-ce pas par le tirage au sort qu’étaient désignés les responsables dans la démocratie athénienne, dans un système rotatif ? Vous avez su dépasser leurs contradictions puisque eux interdisaient l’accès de la démocratie aux femmes et aux étrangers Mais eux, à la différence de vos régimes, ¿ne considéraient-ils pas la représentation comme un système oligarchique, donnant l’autorité à des groupes d’intérêts dominants aux appétits insatiables?
Cette autorité ¿Ne lui avez-vous pas permit de constituer des espaces interétatiques, ceux-là même qui nous ont fait connaître le pain cher comme le Fond Monétaire International, qui peuvent agir sans le poids du suffrage universel ? Cette autorité que vous vivez aujourd’hui et à laquelle je résiste.


 



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Notes

[1] Paolo Virno: “Grammaire de la multitude”





¿Oú est donc votre révolte ?

¿Pouvons-nous inventer ensemble ?






PHILOSOPHIE CRITIQUE DE KANT


Non pas la raison de chaque chose, mais l'arrière-plan, l'ouverture où la raison puise son élan et sa possibilité.







Nous présentons une série de 8 pages qui résument le texte de Gilles Deleuze "Philosophie critique de Kant" sur la base de 8  schémas (programme MindManager).

Gilles Deleuze


Dossier
Méthode transcendentale Schéma nº1
La représentation Schéma nº2
Critique de la raison pure Schéma nº3
Critique de la raison pratique(1ère partie) Schéma nº4
Critique de la raison pratique (2 ème partie) Schéma nº4bis
Critique du jugement Schéma nº5
Jugement esthétique Schémas nº6,7,8
Du jugement téléologique au théologique: téléologie


Liens associés
Gilles Deleuze (Les cours de Gilles Deleuze)
L'empirisme transcendantal (multitudes-samizdat)

De Deleuze à Kant-téléologie

Du jugement téléologique au jugement théologique
voir aussi: Téléologie

Le jugement téléologique
1- ¿Y a-t-il un jugement réflexionnant, une libre concordance des facultés qui soit autre qu'un jugement esthétique?
La raison R spéculative, régulatrice dans le cadre d'un E législateur, cherche á conférer l'unité maximum aux concepts de E (création d'un Thésaurus, tendance á l'unification des champs conceptuels…).
Les Idées de R prêtent une unité semblable, (et la considèrent comme inhérente) aux phénomènes dans leur matière ou particularité. Cette unité n'est possible que parce que les Idées de R la conçoivent conforme á une "Fin Naturelle", l'unité étant conciliable avec la diversité des lois empiriques particulières.
Comme E ne détermine pas á priori la matière des phénomènes, ni les lois de tel ou tel objet, il n'est pas législateur mais E est contingent aux lois.

2- Les facultés sont libres et indéterminées par rapport á une "Fin ultime".
Fin (voir lien)
Elle se définit par la représentation de l'effet comme fondement de la cause (la représentation d'un tout serait cause du même tout en tant qu'effet).
a) La "fin naturelle" est un E archétype, défini comme cause suprême intelligente et intentionnelle. C'est un E archétype qui exprime á l'infini la limite propre á nôtre E.
b) La "fin naturelle"dérive des Idées de R et soumet la Nature á une causalité que seule R peut concevoir. Mais cette Idée n'est pas rationnelle car conformément á cette causalité, l'effet est donné dans la Nature.
c) Le concept de "fin naturelle" permet á I de réfléchir sur l'objet de manière indéterminée afin que E acquiert ses concepts en conformité avec les Idées de R.
d) C'est un concept réflexionnant où les facultés entrent en concordance libre, s'harmonisent et permettent de réfléchir sur la Nature sous la perspective de ses lois empirique. C'EST LE JUGEMENT TELEOLOGIQUE.

Passage à la théologieSi le concept de "fin naturelle" dérive des Idée de R, á l'inverse, á partir du concept de "fin naturelle", nous déterminons un objet de l'Idée rationnelle; objet déterminable par analogie avec les objets de l'expérience, á la condition que ces objets de l'expérience présentent cette unité finale naturelle. L'objet de l'Idée de R est en fait le principe et le substrat des objets de l'expérience.
Kant passe d'une téléologie naturelle á une théologie physique: le concept d'unité finale (dieu) ou de fin naturelle qui agit dans E, détermine á dieu comme cause suprême intentionnelle. [On ne pourrait passer, á l'inverse, d'une théologie á une téléologie sans faire de celle-ci un jugement déterminant et non réflexionnant].
Nous n'imposons pas de fin á la Nature, violemment et dictatorialement, mais nous réfléchissons sur l'Unité finale Naturelle.

Jugements téléologique et jugement esthétique



Jugement esthétiqueIl répond á des principes: manifeste une finalité subjective (libre concordance des facultés), formelle (la forme de l'objet est réfléchie par I). aucune fin matérielle déterminée (pas d'évaluation de la beauté en fonction de son emploi, de son intérêt pratique), la Nature, créatrice de l'objet extérieur, intervient comme contingence concordante avec nos facultés et permet d'appréhender la finalité interne de nos facultés subjectives (il n'y a pas de faveur accordée par la Nature). Plaisir particulier comme état supérieur dans la faculté de sentir S. Finalité sans fin comme cause finale, intérêt pour le beau, sens du beau.

Jugement téléologique
Ne répond á aucun principe: manifeste une finalité objective (la libre concordance des facultés est incluse dans la contingence entre Nature et facultés). La production des choses est une faveur que nous fait la Nature et, vu sous ce jugement, le jugement esthétique est aussi une faveur que fait la Nature.  Le plaisir téléologique se confond avec la connaissance: il y a effet de la faculté C sur la faculté de sentir S.


C'est la finalité formelle esthétique qui nous prépare pour former un concept de FIN, de finalité et l'applique á la Nature. La réflexion sans concept nous prépare á un concept de réflexion. Le sens commun esthétique ébauche un sens commun logique qui intègre le sens commun téléologique qui n'a donc pas de genèse propre.
Téléologie

Elle se caractérise par:
-la libre concordance des facultés dans un intérêt spéculatif: E légifère; il y a un jugement déterminant dans C qui se révèle dans la réflexion
-le jugement réflexionnant permet le passage de la faculté C á la faculté D,
 -donc de l'intérêt spéculatif á l'intérêt pratique, et alors le spéculatif se soumet au pratique,
-de même que la finalité permet de passer de la Nature á la Liberté,
 -ou encore: la finalité permet la réalisation de la Liberté dans la Nature.

Les fins de la raison R

1- Conséquences de ce qui précède
Le jugement téléologique doit être préparé pour le jugement esthétique.
Le concept "Fin naturelle" suppose la forme pure d'une finalité sans fin.
Alors que le jugement esthétique laisse au goût le soin de juger quel objet est "beau", le jugement téléologique exige des règles qui indiquent dans quelle condition on juge l'objet suivant le concept de "fin naturelle" qui exprime l'unité finale de l'objet (du point de vue de sa matière et de ses lois naturelles).

2- L'ordre de déduction
De la forme de la finalité au concept de "fin naturelle" puis á son application dans la Nature qui exprime quels objets doivent être jugés suivant ce concept, au moyen de la réflexion.

3- Fin naturelle et Fin ultime

Une fin ultime implique l'existence de «quelque chose» comme fin. La fin propre aux êtres concerne seulement leur finitude, et leurs possibilités, sans considérer si leur propre existence est une fin.
¿Pourquoi telle chose qui existe a telle forme?... est traité par cette «finalité interne aux êtres».
¿Pourquoi existe-t-il telle chose avec telle forme?... ne peut être traité que par une finalité ultime, c.a.d. «un être qui contient en lui la finalité de son existence».
-fin naturelle = fondement des possibilités
-fin ultime = une raison d'existence dans un être qui peut former un concept de Fin.

4- L'être rationnel
Seul l'être rationnel peut rencontrer en lui la finalité de son existence. Non pas l'être qui cherche le bonheur, ou la connaissance (qui ne correspondent qu'à des fins naturelles).
L'insuffisance de la téléologie naturelle comme fondement d'une théologie, car elle ne donne qu'une opinion, que du possible, et non pas une croyance.
La fin ultime, ce concept de la raison pratique où:
a) la loi morale prescrit une fin sans condition,
b) la raison s'appréhende á elle-même comme fin
c) la liberté se donne un contenu,

et fait de l'être humain un noumène, suprasensible et moral.-----La fin ultime est l'être humain.

5- Téléologie morale
L'existence de l'être moral contient en elle la finalité suprême, la fin ultime:
a) qui est l'organisation des êtres rationnels sous la loi morale,
b) qui est la liberté comme raison d'existence que l'être rationnel contient en lui.
C'est là l'unité absolue d'une fin pratique et une législation inconditionnelle.
La fin ultime ne peut être pensée comme réalisable que dans la détermination pratique d'un auteur moral (dieu).
Ceci fonde la théologie dans une téléologie morale. On passe du concept pratique et déterminant de "Fin ultime"au concept pratique, déterminant et suffisant d'un "dieu moral comme objet de croyance" dans une théologie morale. C'est là un intérêt de la raison R qui détermine l'être humain comme fin ultime pour l'ensemble de la création divine.

6- L'Histoire
La fin ultime de la Nature est une fin que la Nature ne peut réaliser par elle-même (paradoxe)… Mais le concept de liberté effectue en elle et non par elle; donc la réalisation de la liberté, et du Bien souverain, dans le monde sensible, implique une synthèse originale dans l'humain: l'Histoire.
Ou, dit autrement: la Nature sensible (phénomènes) a le suprasensible comme substrat et l'Histoire est la somme de deux astuces:
1ère astuce du suprasensible: la contingence entre les facultés humaines et la Nature sensible («la Nature a voulu que l'homme extraie de lui-même tout ce qui excède la gestion mécanique de son existence animale»).
2ème astuce: le suprasensible a voulu que même dans l'humain le sensible agisse selon ses propres lois pour être capable de recevoir finalement l'effet du suprasensible.
Il ne s'agit pas de voir le sensible soumis aux lois de la liberté et de la raison. Cela conduirait á un "plan rationnel personnel" de chaque individu comme noumène. Mais l'Histoire montre le contraire: relations de forces, antagonismes, tissus de folies et vanités puériles («insociable sociabilité»). Seul l'établissement d'une Société permet de réaliser historiquement la fin ultime.
L'Histoire est á juger du point de vue de l'espèce et non de l'individu, de la raison personnelle, et ce par l'instauration d'une relation finale: l'instauration d'une Constitution Civile Parfaite laquelle est l'objet le plus élevé de la Culture, la finalité de l'Histoire ou du Bien souverain proprement terrestre.

De Deleuze à Kant-Schéma nº6

Jugement esthétique


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voir le lien suivant: jugement esthétique

Le Sublime
Le Sublime renvoie aux objets par projection de nos états d'âme, projection possible immédiatement car se réalisant par rapport á ce que l'objet a d'informel (immensité) ou de difforme (puissance) dans sa nature.
Il se forme une relation de discordance entre R et I: exigence de R et potentialité de I. Cette perte de liberté de I est une douleur, premier sentiment du Sublime. I accède á sa propre passion.

Genèse: le sens commun est engendré
La discordance engendre une concordance
I se représente l'inaccessibilité de l'Idée rationnelle, mais comme au-delà du sensible elle n'a pas où s'appuyer, elle est face á l'abstraction et rejoint le suprasensible. Elle découvre dans sa propre passion l'origine et le destin de toutes ses activités. Elle se libère de façon négative de toutes les contraintes de E, et s'accorde á la raison R pour découvrir ce que E lui cachait, son destin suprasensible, son origine transcendantale.
Il y a un passage discordance/concordance de I et R dans le suprasensible. L'âme se sent comme l'unité suprasensible indéterminée, un point de concentration de toutes les facultés dans le suprasensible.
Ce sens commun engendré, cette genèse dont le mouvement représente en soi une culture, fait apparaître un destin suprasensible de nos facultés, "la prédestination d'un être moral".
Nous sommes devant un accord des facultés qui est objet d'une véritable Genèse. le sens du Sublime ne peut se séparer d'une Culture («l'homme vulgaire ne perçoit que les malheurs, les dangers et les misères»). Les facultés que le Sublime sollicite renvoient á une genèse de l'accord au sein du désaccord: la Genèse du Sublime est transcendantale est sert de modèle pour une genèse du Beau dans l'accord entre I et E.


Principe d'une genèse dans le beau
Principe d'objectivité
Alors que dans le sublime tout est subjectif, dans le beau la subjectivité se donne á l'occasion de formes objectives. On peut chercher un intérêt rationnel auquel le "beau" peut s'unir dans une synthèse qui serve pour une genèse du sens du beau comme sens commun.
¿Quel serait cet intérêt?Un intérêt social empirique qui engendre une sorte de goût on de communicabilité du plaisir. Mais il ne peut porter sur le beau en soi; il ne peut porter que sur l'aptitude de la nature de produire des formes que l'imagination reproduit. Les sons, les couleurs font partie de l'intérêt du beau. L'intérêt du beau n'est pas dans le beau ni dans le sens du beau mais concerne la production du beau dans la nature (souvent caché á la vue comme le fond de l'océan).
¿Quelle classe d'intérêt est-ce? Les intérêts de la raison portent sur un type d'objets soumis á une faculté supérieure, et il n'y a pas d'objets soumis á la faculté de sentir. La forme supérieure de la faculté de sentir est l'harmonie subjective et spontanée de toutes nos facultés actives, sans qu'aucune d'entre elles n'ait á légiférer sur les objets.
On ne peut conclure qu'à une concordance intelligente de la nature avec l'ensemble de nos facultés. Il n'y a pas de finalité dans la nature pour produire le beau, mais un pouvoir sans finalité en adéquation par hasard avec l'exercice harmonieux de nos facultés. Le plaisir de cet exercice est désintéressé. «Nous expérimentons un intérêt rationnel pour la concordance contingente des productions de la nature avec nôtre plaisir désintéressé.


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La genèse du sens du beau: le symbolisme
Les couleurs et les sons débordent E. S'y ajoute un concept distinct qui est une idée de R: le lys (couleur+fleur)E + (innocence)R = représentation indirecte qui a pour règle l'intérêt de la raison R. C'est le symbolisme, qui a 2 conséquences:

a) E voit ses concepts élargis á l'infini (E amplifié)
-I est libérée de la schématisation imposée par E et réfléchit librement la forme
-les matières libre de la nature sensible symbolisent les idées de R.
-Le plus profond: l'intérêt pour le beau témoigne d'une unité suprasensible de nos facultés de laquelle dérive (remonte á la surface de l'océan) la libre concordance formelle et l'harmonie subjective.

b) La libre concordance de la nature avec nos facultés et de nos facultés entre elles, fait ressortir le rôle de la raison R dans l'intérêt pratique et le domaine moral:
le destin de toutes nos facultés est donc la prédestination d'un Etre Moral.
Le plus élevé:
-l'idée de suprasensible comme unité indéterminée de nos facultés prépare á l'idée du suprasensible comme principe des fins de la liberté (comme le détermine pratiquement la raison
- l'intérêt du beau implique une disposition á l'Etre Moral «le Beau même est symbole du Bien», une relation synthétique entre beau et bien. L'intérêt du beau nous dispose á être moraux, nous destine á la moralité.
- suprématie de la faculté de désirer D et passage de la faculté de connaître C á la faculté de désirer D.

Conclusions
De l'intérêt lié au Beau Il y a un sens désintéressé du Beau: I réfléchit la forme mais laisse échapper ce qui ne peut être réfléchi que difficilement (couleurs, sons, matières). Par contre, il y a un intérêt lié au beau pour les couleurs, le son, la matière, qui sont les moyens qu'utilise la Nature pour produire les objets propres á la réflexion formelle( de la forme). Cet intérêt est méta esthétique.

L'art- Le génie
Tout repose dans la pensée sur le fait que la beauté est dans la nature. Aussi, le sens du beau dans l'art ne semble pas pouvoir s'engendrer á partir d'un principe qui nous destine á la moralité. A moins que l'art reçoive de la nature une matière riche et une règle synthétique. Cette disposition innée est le Génie.

Génie: faculté des Idées Esthétiques
Idée rationnelle(rappel)
-le concept associé ne se conforme á aucune intuition
-elle excède l'expérience lorsque:
- a) elle n'a pas d'objet qui lui corresponde dans la nature sensible,
- b) elle transforme un phénomène naturel en évènement psychique (amour, mort)
-il y a de l'inexprimable en elle.

Idée esthétique
-l'intuition ne se conforme á aucun concept
-elle excède tout concept, car elle crée l'intuition d'une nature autre, une nature dont les phénomènes seraient de véritables évènements spirituels: «elle donne á penser»
-elle exprime ce qui est inexprimable dans l'idée rationnelle: elle est une expression segonde.
l y a équivalence avec le symbolisme (une ampliation de E et une libération de I), mais au lieu que l'Idée se présente indirectement dans la Nature, comme pour le symbolisme, l'Idée Esthétique s'exprime dans la création, l'imagination d'une autre nature. C'est un symbolisme de l'Art.

Génie: Matière et Règle
Le goût
Il est la concordance formelle d'une imagination I libre et un entendement E amplifié. Il est l'intermédiaire entre deux génies: le génie qui est un appel lancé á l'autre dont le goût permet d'attendre que naisse son génie.Matière: á l'esthétique formelle du goût il s'ajoute une métaphysique matérielle (l'intérêt pour le beau et le génie). A l'esthétique de la forme s'ajoute une méta esthétique des matières, couleurs et sons. Le génie anime le goût dans l'art d'une matière.Règle synthétique
Le génie est témoin, exprime, l'unité suprasensible de toutes les facultés, il l'exprime comme vivante. Sa règle synthétique et génétique étant les conclusions du beau de la nature …au beau de l'art, tous deux symboles du Bien.

Conclusions
Il y a 3 Idées de la raison:
1) L'analytique du Beau découvre un accord libre de E et I mais ne peut faire autre chose que le présupposer.
2) L'analytique du Sublime découvre un accord libre de R et I mais dans des conditions internes telles qu'elle ébauche dans le même temps une Genèse.
3) La déduction du Jugement du goût découvre un principe externe á partir duquel s'engendre á priori l'accord entre E et I, donc se sert du modèle offert par le Sublime, utilisant la déduction, ce dont le Sublime n'a pas besoin.

Il y a ainsi 3 Genèses parallèles:
á partir du Sublime: Genèse de l'accord entre R et I.
á partir de l'Intérêt du Beau: Genèse de l'accord entre E et I en fonction du Beau dans la Nature.
á partir du Génie: Genèse de l'accord entre I et E en fonction du Beau dans l'Art.

Les critiques de la raison pure et de la raison pratique partaient des facultés qui avaient des tâches assignées sous la direction de l'une d'elles. La Critique du Jugement garantit le passage de l'intérêt spéculatif á l'intérêt pratique et la subordination du 1er au 2ème. Exemple:
1) le sublime montre que le destin de nos facultés suprasensibles est la prédestination d'un être moral;
2) de même, l'intérêt lié au beau témoigne d'une âme destinée á la morale;
3) et le Génie intègre le beau artistique dans le monde moral et permet de dépasser la séparation du beau dans la Nature et du beau dans l'Art.

Les Idées de la raison R se présentent dans la Nature Sensible.
1ère manière: dans le Sublime- Présentation directe, mais négative, par projection.
2ème manière: dans le Symbolisme naturel
-Présentation indirecte, positive,(dans l'intérêt pour le Beau ) produite para réflexion.
3ème manière: dans le Symbolisme artistique- Présentation secondaire, positive,(dans le Génie) produite par création d'une autre Nature.
Les Idées de la raison R se présentent dans la Nature comme système de Fins d'une 4ème manière que nous verrons plus loin.


Suite et fin: Téléologie










De Deleuze à Kant-Schéma nº5

Critique du jugement

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voir le lien suivant: critique du jugement

Jugement
Il consiste á ajouter le particulier au général;
le jugement est déterminant lorsque, le général étant donné, il suffit de déterminer le particulier qui s'y applique. C'est un art occulte qui exprime la concordance des facultés E ou R ou I sous une faculté dominante qui légifère (en médecine: décision thérapeutique).
Jugement théorique: E légifère
Jugement pratique: R légifère. Le jugement est réflexionnant lorsque le général est un problème qu'il convient de résoudre á partir du particulier ( en médecine: diagnostic). C'est un art manifesté et libéré qui exprime un accord libre entre E, R et I, et déterminé par rapport á une matière non représentée.
Jugement esthétique
Tout jugement déterminant (occulte) suppose l'existence d'une concordance libre et indéterminée entre facultés, c.a.d. l'existence d'un jugement réflexionnant qui libère ce qui était occulté dans le jugement déterminant (rôle législateur). Le jugement réflexionnant est une faculté de la concordance des facultés.

E légifère dans la faculté de la connaissance C (sens commun logique)
R légifère dans la faculté du désir D (sens commun moral)
 I permet d'appréhender la faculté de sentir S dans sa forme supérieure, où un jugement réflexionnant légifère (mais: légifère sur lui-même car réflexif). C'est le jugement esthétique.

La forme supérieure du plaisir

¿Mais que serait un sentir S supérieur, un plaisir supérieur?
Ce qui importe ici est l'effet d'une représentation sur le sujet. Donc un sentir supérieur est l'expression sensible d'un jugement pur, une opération qui consiste á formuler un jugement esthétique. La représentation est celle de la forme, c.a.d. ici une réflexion d'un objet singulier dans l'imagination I, (la couleur et le son étant profondément ancrés dans nos sens pour refléter dans I les vibrations qu'ils composent, sont des co-adjuvants d'avantage que des éléments proprement dits du jugement esthétique). L'essentiel est la forme, le dessin, la composition.

L'état supérieur de la faculté de sentir S présente 2 caractères
- Cet état supérieur ne définit aucun intérêt de la raison, ni spéculatif ni pratique. Il est désintéressé.
- Il ne peut légiférer, il ne peut y avoir de soumission de l'objet dans le jugement esthétique ("cet objet est beau"), il est indifférent á son existence car représenté dans I. Il n'y a pas de législation autonome, mais héautonome (un état qui ne peut que légiférer sui lui-même).
La faculté S n'a pas de domaine (ni phénomène,ni chose en soi). L'objectivité du jugement esthétique n'a pas de concept, donc l'universalité et la nécessité de ce jugement sont en fait subjectives, car ce qui est universel et nécessaire dans ce jugement est le plaisir.


Sens commun esthétique
L'imagination I, dans sa représentation réfléchie de la forme ne se relationne pas avec un concept précis mais avec E même, ou plutôt l'indétermination de concept en E.
I va plus loin que schématiser ici: elle manifeste sa liberté, contemplation de la forme, cause de formes arbitraires, d'intuitions possibles, productive et spontanée. La concordance entre facultés, le sens commun, est ici entre E/C et I/S libre et indéterminé.
Mais comme la faculté S n'est pas législative, il n'y a pas de faculté dominante et de rôle des autres facultés, mais une harmonie subjective où E et I s'exercent spontanément chacune pour son compte.
¿Cette libre concordance peut-elle être produite en nous?


¿Le sens commun est-il objet d'une genèse?

Relation des facultés dans le Sublime: Forme supérieure de la douleur
Dans ce qui a été dit¿ quel est le rôle de la raison, et y a-t-il de même que pour le plaisir, une forme supérieure de la douleur?

Dans "Ceci est sublime": tout ici est subjectif. Le sublime se projette sur l'informe et le difforme (immensité ou puissance) de la nature.-----Alors tout se passe comme si I s'affronte á sa propre limitation:
a) tant qu'il s'agit d'appréhender les parties, I n'a pas de limites dans l'appréhension.
b) mais quand il s'agit de reproduire les parties précédentes alors que les parties suivantes se présentent, I présente un maximum de compréhension simultanée.
c) face á l'immensité, I expérimente l'insuffisance de son maximum, veut l'augmenter et retombe sur sa propre limitation. Mais,¿est-ce la nature sensible cette immensité, ou n'est-ce pas plutôt la raison R qui nous pousse á réunir dans un tout l'immensité du monde sensible?

I découvre que R la force á confesser que toute sa puissance n'est rien en comparaison d'une Idée: le Sublime.

Suite: Jugement esthétique

De Deleuze à Kant- Schéma nº4 bis

Critique de la raison pratique (deuxième partie)


Schéma nº4 bis-cliquer sur image









ver critique de la raison pratique

Rôle de l'entendement E

Dans l'intérêt spéculatif de la R, E légifère sur la faculté C et R raisonne et symbolise, déterminant l'objet de son Idée par analogie avec les objets de l'expérience.
Dans l'intérêt pratique de la raison, E juge et symbolise: il extraie de la loi naturelle sensible un "type", modèle, pour la nature suprasensible.
R, déterminant la faculté du désir D dans sa forme supérieure, unit le concept de liberté á celui de causalité; la causalité, qui est une catégorie de E dans sa forme, non de cause originaire, mais de causalité naturelle (une connexion qui unit les phénomènes sensibles á l'infini). Donc, R donne á la catégorie de causalité un objet suprasensible (être libre comme cause productrice originaire), et R reprend á E ce qu'elle avait aliéné dans la nature sensible: la causalité ainsi formée apparaissant comme une nature par analogie (le suprasensible ne peut être pensé que par analogie avec la nature sensible, grâce á E).

Sens commun et utilisation illégitime
En application des définitions données dans Schéma 4, on se trouve devant un sens commun moral. Ce n'est certainement pas un sentiment, une intuition. Ce sens commun est simplement la concordance de E et R sous l'effet de la législation de R. Si l'on tombe dans les illusions:
E, au lieu de symboliser et se servir de la loi naturelle comme "type"ou modèle, pour la loi morale, cherche un schéma qui relationne la loi avec une intuition.
R accommode son devoir aux désirs, inclinations sensibles, ou intérêts empiriques. Ici, ce qui demande critique, n'est pas la raison pratique, mais les "impuretés" qu'elle contient lorsqu'elle reflète des intérêts empiriques.
Ainsi, á la critique de la raison pure (la critique tombe lorsque l'on démontre que R spécule et veut prendre le rôle législateur de E) correspond une critique de la raison pratique " impure", critique qui dénonce l'utilisation transcendantale d'une raison pratique qui, au lieu de légiférer se laisse conditionner empiriquement.


Le sensible, l'imagination et la loi morale

Réalisation de la loi morale
La loi morale n'est pas indifférente à sa propre réalisation.S'il y a un abîme entre sensible et suprasensible, il est fait pour être comblé. Le suprasensible échappe à C. Par ailleurs, il n'y a pas d'utilisation spéculative de la raison qui permette de passer du sensible au suprasensible. Mais le suprasensible se doit d'exercer son influence sur le sensible; et le concept de liberté doit réaliser dans le monde sensible la finalité imposée par ses lois.
Le suprasensible comme archétype et le sensible comme ectype, car il contient l'effet possible de l'idée de l'archétype.

-Le phénomène et la chose "en soi" sont le même être:
a) soumis á la nécessité naturelle en tant que phénomène,
b) source de causalité libre en tant que chose "en soi", ou encore: le même effet sensible, renvoie d'une part á un enchaînement de causalités sensibles par lequel l'effet sensible se fait nécessaire, et d'autre part, renvoie á une cause libre, dont il est lui, effet sensible, le signe et l'expression.

-La nature suprasensible que les êtres libres forment en accord avec les lois de la raison, doit être réalisée dans le monde sensible. Entre la nature comme phénomène et les "effets de la liberté" comme phénomènes, ou il y a collaboration, ou il y a opposition:
Il y a 2 domaines (nature sensible et suprasensible) et 1 terrain (l'expérience).

-La nature sensible n'a pas pour loi la moralité, et les effets de la liberté ne peuvent par ailleurs ralentir le mécanisme de la nature qui semble faire d'enchaînements de causes unies en un seul phénomène qui est une cause libre.
Mais la législation de la raison pratique, dans sa faculté de désir D d'objets, convertit le monde suprasensible en objets á réaliser dans la loi morale.


Conditions de la réalisation
Ce serait la concordance entre 2 aspects:
Loi morale / Loi de la nature
Suprasensible / Sensible
Moralité / Bonheur
Avec l'Idée d'un Bien Souverain comme totalité de l'objet de la Raison Pratique.

Postulats
La réalisation de cette concordance entre vertu et bonheur a pour condition:
a) une perspective d'un retour á l'infini (âme immortelle)
b) un auteur, cause morale et intelligible de la nature (dieu)
c) une réalité objective qui est la Liberté, idée cosmologique d'un monde suprasensible.
a)+b)+c) = 3 idées de la raison spéculative qui reçoivent de la loi morale une détermination pratique.
Ce sont 3 postulats de la raison pratique qui sont objet d'une croyance pure pratique; (la liberté, plus qu'un postulat, est l'objet d'une proposition catégorique, matière de fait; les 2 autres postulats sont possibles par le fait que la liberté est réelle).

A ces postulats, conditions de réalisation du suprasensible dans le sensible, il faut ajouter les conditions immanentes á la nature sensible qui fondent la capacité d'exprimer et symboliser du suprasensible:
a) la finalité naturelle propre aux phénomènes
b) la forme de la finalité de la nature dans la beauté des objets
c) le sublime dans l'absence de forme, ce par quoi la nature sensible témoigne l'existence d'une finalité supérieure.
b) et c) appartiennent au rôle de l'imagination I qui dépasse ses frontières et se relationne aux Idées de la Raison R, s'intégrant ainsi au sens commun moral.
Ainsi, le sens commun moral (moralité, conscience de la moralité) comporte:
- les croyances
- les actes de l'imagination
qui font que la nature sensible est apte á recevoir l'effet du suprasensible.

Résumé sur intérêt pratique et intérêt spéculatif

Intérêt
Il est possible d'attribuer á chaque faculté un intérêt, c.a.d. un principe qui contient la condition dans laquelle s'exerce cette faculté. L'intérêt implique donc un concept de finalité.
Rappel: les facultés sont celles de la représentation de la relation entre sujet et objet, et de la soumission des objets á la forme supérieure d'une faculté (qui légifère). L'intérêt est spéculatif lorsqu'il porte sur les phénomènes qui forment la nature sensible.
Intérêt comme principe
a) Intérêt pratique: il porte sur les êtres rationnels qui forment une nature suprasensible á réaliser; qui sont la chose en soi.—Il est tel que la relation de la représentation avec un objet ne constitue pas une connaissance C mais quelque chose á réaliser.
b) L'intérêt spéculatif est subordonné á l'intérêt pratique, car le monde sensible ne présenterait d'intérêt spéculatif (sous l'angle de la faculté de la raison R) s'il ne pouvait, sous la perspective d'un intérêt supérieur, donner témoignage de la possibilité de réaliser le suprasensible.
La détermination directe des Idées de la raison spéculative est la raison pratique.
Exemple de la croyance: proposition spéculative á laquelle la loi morale attribue une détermination qui donne une certitude á la proposition (certitude comme affirmation ou négation d'une vérité). La croyance exprime la synthèse des intérêts spéculatif et pratique avec subordination du 1er, donc la supériorité de la preuve morale de l'existence de dieu par rapport á toutes les preuves spéculatives.-
Intérêt comme finalité
Finalité
Dans l'intérêt spéculatif, la finalité est dans l'observation même. Mais le fait d'être connu [(E+C) R spécule] ne confère aucune valeur au monde. La valeur de l'observation est dans l'attribution d'une finalité ultime.
Finalité: signifie 2 choses
a) la fin en soi de chaque être
b) la finalité que chaque être doit donner á la nature sensible comme finalité ultime á réaliser.
C'est là la faculté de désirer D dans sa forme supérieure: seule la loi morale détermine l'être rationnel comme fin en soi, constitue la finalité dans l'utilisation de la liberté et détermine l'être rationnel aussi comme fin ultime de la nature sensible; lui commandant ainsi de réaliser le suprasensible en unissant la moralité au bonheur universel.
La raison pratique indique la finalité ultime et détermine ce concept en relation avec les conditions sous lesquelles l'être rationnel peut concevoir une finalité ultime de la Création.

Suite: critique du jugement

De Deleuze à Kant- Schéma nº 4

Critique de la raison pratique (première partie)

voir lien suivant: Critique de la raison pratique



Schéma nº4-cliquer sur image




Quleques définitions
Le Désir
Lorsque le désir D n'est pas déterminé par la représentation d'objets (sensibles ou intellectuels), lorsqu'il n'est pas déterminé par un sentiment de plaisir ou douleur qui s'associe á des représentations d'objets (sensibles ou intellectuels), mais est déterminé par la représentation d'une forme pure, …alors sa faculté D est capable d'une forme supérieure: celle d'une législation universell Loi universelle Il ne s`agit pas d'un universel comparatif et psychologique (ne fait pas á ton prochain…). Il s'agit de penser nôtre volonté d'action comme "principe d'une législation universelle" une action qui peut se penser, sans contradictions, comme loi universelle, donc une action pour le moins conforme á la morale.
La raison pure, pratique
Le désir étant déterminé par une représentation indépendante des sentiments, de toute matière et de toute condition sensible, est nécessairement rationnel. Mais dans une telle représentation de forme pure, la conscience d'une loi morale est le fait unique de la raison pure R, laquelle est ainsi originairement législatrice.
 R n'a pas ici á raisonner, elle légifère immédiatement dans la faculté de désirer. Elle est raison pure, pratique. La faculté D rencontre sa détermination en elle-même et non dans l'objet, dans la matière; elle est volonté autonome. La loi morale, en tant que loi de la volonté, se trouve dans une situation de totale indépendance par rapport aux conditions naturelles de la sensibilité (lesquelles ramènent toutes causes á une cause antérieure), alors que rien n'est antérieur á la détermination de la volonté.


Le concept de liberté
Noumènes. Les phénomènes tels qu'ils apparaissent dans les conditions d'espace-temps, sont soumis á la loi d'une causalité naturelle. La connaissance C des phénomènes sous-entend l'existence des choses "en soi", les choses pensées comme noumènes (intelligibles, suprasensibles) qui marquent les limites de E et le renvoient aux conditions de la sensibilité.
Liberté. On ne rencontre rien dans les phénomènes qui ramène á une notion de liberté. La liberté se définit comme le pouvoir de commencer par soi-même un état dont la causalité ne peut être incluse dans une autre cause qui la détermine dans le temps.

Le noumène est libre lorsque le phénomène auquel il correspond jouit de facultés actives et spontanées qui ne peuvent se réduire á la seule sensibilité.
Ces concepts de noumène et liberté correspondent á une raison pratique non spéculative, pure: le concept de liberté, comme Idée de la raison R jouit d'un privilège éminent par rapport á toutes les idées; il est l'unique concept, l'unique idée de la raison qui: a) peut être déterminé pratiquement, b) donne aux choses "en soi" le sens, la garantie d'un "fait"(évènement), c) nous permet de pénétrer effectivement dans le monde intelligible.

La raison pratique légifère
-sur l'objet du concept de liberté
-sur les choses "en soi"
-sur la causalité nouménale et intelligible de l'Être
-sur le monde suprasensible que l'Être constitue


La loi morale
C'est la loi de nôtre existence intelligible, c-a-d la loi de la spontanéité et la causalité du sujet comme chose "en soi", pensée comme noumène, nature suprasensible.

Cette nature suprasensible est nature sous la volonté autonome de la raison pratique. La loi de cette autonomie est la loi morale qui est "la loi fondamentale d'une nature suprasensible. Il y a un abîme entre ce domaine de législation et celui de l'entendement E qui est celui des phénomènes, objets d`'expérience, et formant une nature sensible.
L'être libre
La raison pratique légifère par rapport
a)l'être libre rationnel,
b) á son existence intelligible indépendamment de toute condition sensible.
Le noumène, contrairement au phénomène, présente á la pensée l'identité entre législateur et sujet. Il n'y a pas soumission de l'être libre á une loi morale; la personne est légiférant et se subordonne á sa loi uniquement en tant que personne légiférant. Nous sommes les membres législateurs d'une nature suprasensible.

Libre arbitre:
le sensible se fonde dans nôtre caractère intelligible suprasensible. Le mensonge, le délit, le "mal" sont des effets sensibles, qui ont une cause intelligible hors du temps (dans le temps, chaque cause a une cause antérieure).

Il y a donc dans la liberté, une zone de libre arbitre où l'on peut opter contre la loi morale: on prend dans la sensibilité la loi qui nous détermine et l'on cesse d'être sujet législateur sans pour cela cesser d'avoir une existence intelligible.

De Deleuze à Kant-Schéma nº3

Critique de la raison pure

voir lien suivant: Critique de la raison pure

Schéma nº3-cliquer sur image

La critique de la raison pure porte sur la relation sujet/objet,donc sur la connaissance C, et correspond á l'action suivante des facultés passive (sensibilité) et actives (E, R, I), comme définis dans Schéma nº 2.

La sensibilité se manifeste ici par l'intuition, c'est-à-dire la représentation singulière qui se réfère á l'objet de l'expérience, immédiatement.
E: entendement qui se définit par l'utilisation des concepts. Le concept est une représentation qui se réfère á l'objet "médiatement", donc par l'intermédiaire d'autres représentations.
I: Idée est un concept qui va au-delà de la possibilité de l'expérience de la représentation.
R: Raison qui consiste en la utilisation des idées

E légifère
Tous les phénomènes sont á priori dans l'espace-temps.
La synthèse de l'imagination s'effectue dans l'espace-temps.
Les phénomènes sont nécessairement soumis á l'unité de cette synthèse et aux catégories qui les représentent, ce qui est la définition même de E. Si l'on ne peut définir les lois auxquelles les phénomènes obéissent quand á leur matière, E peut définir les lois du point de vue de la forme: ils "forment " une nature sensible. E peut alors juger.

I synthétise et schématise
Synthétisation: c'est la détermination d'un certain espace-temps par lequel la diversité se relationne avec le phénomène, en conformité avec les catégories.
Schématisation: elle permet de répondre á la question ¿ Comment E s'applique aux phénomènes qui se soumettent á lui? Le schéma permet á E de réaliser des jugements qui servent de principe á toute connaissance C.
"I schématise" signifie que le schéma est une détermination, quelque soit l'espace-temps, correspondant á la catégorie (relation conceptuelle hors images).


"E légifère" c'est l'intérêt spéculatif de R, et l'acte profond de I.

R comme raison pure
Elle constitue des idées transcendantales (au-delà des possibilités de la propre expérience) qui forment la totalité des conditions sous lesquelles E attribue une catégorie de relation á l'objet de la connaissance C.
La part de subjectivité de R
E est l'objet de R: les idées de R confèrent aux concepts de E le maximum d'unité et d'extension, R se réservant ainsi des foyers idéaux (hors expérience) ou convergent les concepts de E (unité) et forme un horizon supérieur qui reflète les concepts (extension).
La part d'objectivité de R
R dit: "tout se déroule comme si…" pour que les phénomènes, du point de vue de la "matière" correspondent aux idées de la raison puisque E n'y accède pas. E suppose une unité comme limite dans la nature.
R dit: "les phénomènes nous permettent de tendre vers une unité comme degré le plus élevé de la connaissance".


L'idée I:
a) n'est pas une fiction
b) est indéterminée dans son objet
c) est déterminable par analogie avec les objets de l'expérienced) est porteuse de l'idéal d'une détermination infinie.


La raison R:
a)symbolise par rapport á la matière des phénomènes
b)raisonne par rapport á la forme des phénomènes en relation avec les concepts
c)est conduite á laisser E prendre soin de son propre intérêt spéculatif, principalement parce qu'elle ne peut s'appliquer elle-même aux phénomènes et constitue des Idées qui dépassent la possibilité de l'expérience.


E légifère sur les phénomènes du point de vue de la forme. Il ne peut s'appliquer qu'à ce qui lui est soumis. E ne donne aucune connaissance sur ce que sont "les choses en soi".

Utilisation illégitime de la raison

L'intérêt spéculatif porte naturellement sur les phénomènes
Les phénomènes sont soumis á E et ses concepts, á travers de la synthèse de I
C'est donc E qui légifère dans la faculté deC
R laisse á E le soin de son propre intérêt spéculatif car elle ne s'applique pas par elle-même aux phénomènes, par le fait qu'elle constitue des Idées qui dépassent la possibilité de l'expérience E légiférant les phénomènes, ne peut s'appliquer exclusivement qu'à ce á quoi il est soumis. Il ne peut donner aucune connaissance C sur la chose telle qu'elle est "en soi".
Illusion et illégitimité
Tant R comme E ont l'ambition de nous faire connaître la "chose en soi".
Il y a des illusions internes et des utilisations illégitimes des facultés.
I rêve au lieu de schématiser
E aspire á appliquer ses concepts aux choses " en soi", dans une utilisation transcendantale, et dédaigne ses propres limites et sa relation avec I .
R, au lieu de se référer aux concepts de E (utilisation immanente et régulatrice) aspire á s'appliquer directement aux objets et á légiférer (utilisation transcendantale constitutive)
E se trouve sous l'impulsion de R qui lui donne l'illusion d'un domaine á conquérir en marge de l'expérience et cela est + grave que l'utilisation transcendantale de E: l'utilisation transcendantale de R nous ordonne de franchir les limites de E.
C'est la critique de la raison pure

Kant dénonce les illusion spéculatives de R, les faux problèmes où elle nous entraîne: l'âme, le monde, dieu. Si ces illusions découlent de la nature même de R, la critique peut conjurer les effets de l'illusion sur la connaissance C mais ne peut empêcher sa formation dans la faculté de C.
La critique est l'instauration d'un état civil de la raison qui implique un renoncement de R du point de vue spéculatif. Mais les illusions subsistent sous la loi de sa propre nature. Il conviendrait alors que la raison expérimente un intérêt pour les choses "en soi" mais non-spéculatif.
En fait, les intérêts de la R ne sont pas indifférents les uns aux autres et constituent un système hiérarchisé. Donc, même les illusions spéculatives expriment une subordination de l'intérêt spéculatif á un système de finalités. Il y a donc un intérêt + élevé, et c'est pour cela que la R peut confier á E la législation de la faculté de connaître C.


¿Quel est cet intérêt + élevé?


Suite: critique de la raison pratique-1



























De Deleuze à Kant-Schéma nº2

La représentation


Schéma nº2-cliquer sur image


Intuition-Espace Temps

Au moyen de la sensibilité, passive, diverse, les phénomènes apparaissent,
se convertissent en objet d'intuition empirique.

L'espace et le temps sont des intuitions pures qui contiennent á priori la condition de possibilité des objets comme phénomènes.

Espace et temps sont des "expositions transcendantales" et non des déductions.

Présentation-Objet- Phénomène
La sensibilité, passive, n'est pas source de représentation, mais plutôt: la diversité sensible empirique constitue le phénomène qui apparaît, se présente á l'intuition (apparition, présentation de l'objet comme phénomène).

La (re)présentation est la récupération active de ce qui se présente: activité qui se distingue de la passivité de la sensibilité.


Synthèse
La représentation est la synthèse de ce qui se présente. La synthèse enferme une diversité dans une représentation. Elle est l'activité face á la passivité sensible et a 2 aspects:

Appréhension: c'est l'acte d'imagination. La diversité est appréhendée dans un certain espace et un certain temps. L'imagination produit ainsi des "parties" dans l'espace et le temps.

Reproduction: l'imagination reproduit ces "parties" au fur et á mesure qu'elle produit les suivantes.

La synthèse est celle de la diversité dans l'espace- temps et aussi de l'espace-temps, ce qui permet de représenter l'espace-temps.

Synthèse á priori: lorsqu'est attribué á l'objet une propriété qui n'est pas contenue dans la représentation (ex: catégories).


Facultés de la représentation


Faculté passive: Sensibilité

Facultés actives:
1-Celles qui interviennent dans la synthèse active, donc elles sont source de la représentation, á savoir

Imagination …..Activité de la synthèse I

Entendement….Unité de la synthèse E

Raison…………..Totalité de la synthèse R

2-Celles qui constituent le type de relation entre sujet et objet:

Connaître……….sujet --> objet (concordance, conformité) C

Désirer…………..sujet --> objet (agir sur la représentation) D

Sentir…………….objet --> sujet (effet de la représentation: Plaisir, douleur) S

voir Suite: critique de la raison pure