De Deleuze à Kant-téléologie

Du jugement téléologique au jugement théologique
voir aussi: Téléologie

Le jugement téléologique
1- ¿Y a-t-il un jugement réflexionnant, une libre concordance des facultés qui soit autre qu'un jugement esthétique?
La raison R spéculative, régulatrice dans le cadre d'un E législateur, cherche á conférer l'unité maximum aux concepts de E (création d'un Thésaurus, tendance á l'unification des champs conceptuels…).
Les Idées de R prêtent une unité semblable, (et la considèrent comme inhérente) aux phénomènes dans leur matière ou particularité. Cette unité n'est possible que parce que les Idées de R la conçoivent conforme á une "Fin Naturelle", l'unité étant conciliable avec la diversité des lois empiriques particulières.
Comme E ne détermine pas á priori la matière des phénomènes, ni les lois de tel ou tel objet, il n'est pas législateur mais E est contingent aux lois.

2- Les facultés sont libres et indéterminées par rapport á une "Fin ultime".
Fin (voir lien)
Elle se définit par la représentation de l'effet comme fondement de la cause (la représentation d'un tout serait cause du même tout en tant qu'effet).
a) La "fin naturelle" est un E archétype, défini comme cause suprême intelligente et intentionnelle. C'est un E archétype qui exprime á l'infini la limite propre á nôtre E.
b) La "fin naturelle"dérive des Idées de R et soumet la Nature á une causalité que seule R peut concevoir. Mais cette Idée n'est pas rationnelle car conformément á cette causalité, l'effet est donné dans la Nature.
c) Le concept de "fin naturelle" permet á I de réfléchir sur l'objet de manière indéterminée afin que E acquiert ses concepts en conformité avec les Idées de R.
d) C'est un concept réflexionnant où les facultés entrent en concordance libre, s'harmonisent et permettent de réfléchir sur la Nature sous la perspective de ses lois empirique. C'EST LE JUGEMENT TELEOLOGIQUE.

Passage à la théologieSi le concept de "fin naturelle" dérive des Idée de R, á l'inverse, á partir du concept de "fin naturelle", nous déterminons un objet de l'Idée rationnelle; objet déterminable par analogie avec les objets de l'expérience, á la condition que ces objets de l'expérience présentent cette unité finale naturelle. L'objet de l'Idée de R est en fait le principe et le substrat des objets de l'expérience.
Kant passe d'une téléologie naturelle á une théologie physique: le concept d'unité finale (dieu) ou de fin naturelle qui agit dans E, détermine á dieu comme cause suprême intentionnelle. [On ne pourrait passer, á l'inverse, d'une théologie á une téléologie sans faire de celle-ci un jugement déterminant et non réflexionnant].
Nous n'imposons pas de fin á la Nature, violemment et dictatorialement, mais nous réfléchissons sur l'Unité finale Naturelle.

Jugements téléologique et jugement esthétique



Jugement esthétiqueIl répond á des principes: manifeste une finalité subjective (libre concordance des facultés), formelle (la forme de l'objet est réfléchie par I). aucune fin matérielle déterminée (pas d'évaluation de la beauté en fonction de son emploi, de son intérêt pratique), la Nature, créatrice de l'objet extérieur, intervient comme contingence concordante avec nos facultés et permet d'appréhender la finalité interne de nos facultés subjectives (il n'y a pas de faveur accordée par la Nature). Plaisir particulier comme état supérieur dans la faculté de sentir S. Finalité sans fin comme cause finale, intérêt pour le beau, sens du beau.

Jugement téléologique
Ne répond á aucun principe: manifeste une finalité objective (la libre concordance des facultés est incluse dans la contingence entre Nature et facultés). La production des choses est une faveur que nous fait la Nature et, vu sous ce jugement, le jugement esthétique est aussi une faveur que fait la Nature.  Le plaisir téléologique se confond avec la connaissance: il y a effet de la faculté C sur la faculté de sentir S.


C'est la finalité formelle esthétique qui nous prépare pour former un concept de FIN, de finalité et l'applique á la Nature. La réflexion sans concept nous prépare á un concept de réflexion. Le sens commun esthétique ébauche un sens commun logique qui intègre le sens commun téléologique qui n'a donc pas de genèse propre.
Téléologie

Elle se caractérise par:
-la libre concordance des facultés dans un intérêt spéculatif: E légifère; il y a un jugement déterminant dans C qui se révèle dans la réflexion
-le jugement réflexionnant permet le passage de la faculté C á la faculté D,
 -donc de l'intérêt spéculatif á l'intérêt pratique, et alors le spéculatif se soumet au pratique,
-de même que la finalité permet de passer de la Nature á la Liberté,
 -ou encore: la finalité permet la réalisation de la Liberté dans la Nature.

Les fins de la raison R

1- Conséquences de ce qui précède
Le jugement téléologique doit être préparé pour le jugement esthétique.
Le concept "Fin naturelle" suppose la forme pure d'une finalité sans fin.
Alors que le jugement esthétique laisse au goût le soin de juger quel objet est "beau", le jugement téléologique exige des règles qui indiquent dans quelle condition on juge l'objet suivant le concept de "fin naturelle" qui exprime l'unité finale de l'objet (du point de vue de sa matière et de ses lois naturelles).

2- L'ordre de déduction
De la forme de la finalité au concept de "fin naturelle" puis á son application dans la Nature qui exprime quels objets doivent être jugés suivant ce concept, au moyen de la réflexion.

3- Fin naturelle et Fin ultime

Une fin ultime implique l'existence de «quelque chose» comme fin. La fin propre aux êtres concerne seulement leur finitude, et leurs possibilités, sans considérer si leur propre existence est une fin.
¿Pourquoi telle chose qui existe a telle forme?... est traité par cette «finalité interne aux êtres».
¿Pourquoi existe-t-il telle chose avec telle forme?... ne peut être traité que par une finalité ultime, c.a.d. «un être qui contient en lui la finalité de son existence».
-fin naturelle = fondement des possibilités
-fin ultime = une raison d'existence dans un être qui peut former un concept de Fin.

4- L'être rationnel
Seul l'être rationnel peut rencontrer en lui la finalité de son existence. Non pas l'être qui cherche le bonheur, ou la connaissance (qui ne correspondent qu'à des fins naturelles).
L'insuffisance de la téléologie naturelle comme fondement d'une théologie, car elle ne donne qu'une opinion, que du possible, et non pas une croyance.
La fin ultime, ce concept de la raison pratique où:
a) la loi morale prescrit une fin sans condition,
b) la raison s'appréhende á elle-même comme fin
c) la liberté se donne un contenu,

et fait de l'être humain un noumène, suprasensible et moral.-----La fin ultime est l'être humain.

5- Téléologie morale
L'existence de l'être moral contient en elle la finalité suprême, la fin ultime:
a) qui est l'organisation des êtres rationnels sous la loi morale,
b) qui est la liberté comme raison d'existence que l'être rationnel contient en lui.
C'est là l'unité absolue d'une fin pratique et une législation inconditionnelle.
La fin ultime ne peut être pensée comme réalisable que dans la détermination pratique d'un auteur moral (dieu).
Ceci fonde la théologie dans une téléologie morale. On passe du concept pratique et déterminant de "Fin ultime"au concept pratique, déterminant et suffisant d'un "dieu moral comme objet de croyance" dans une théologie morale. C'est là un intérêt de la raison R qui détermine l'être humain comme fin ultime pour l'ensemble de la création divine.

6- L'Histoire
La fin ultime de la Nature est une fin que la Nature ne peut réaliser par elle-même (paradoxe)… Mais le concept de liberté effectue en elle et non par elle; donc la réalisation de la liberté, et du Bien souverain, dans le monde sensible, implique une synthèse originale dans l'humain: l'Histoire.
Ou, dit autrement: la Nature sensible (phénomènes) a le suprasensible comme substrat et l'Histoire est la somme de deux astuces:
1ère astuce du suprasensible: la contingence entre les facultés humaines et la Nature sensible («la Nature a voulu que l'homme extraie de lui-même tout ce qui excède la gestion mécanique de son existence animale»).
2ème astuce: le suprasensible a voulu que même dans l'humain le sensible agisse selon ses propres lois pour être capable de recevoir finalement l'effet du suprasensible.
Il ne s'agit pas de voir le sensible soumis aux lois de la liberté et de la raison. Cela conduirait á un "plan rationnel personnel" de chaque individu comme noumène. Mais l'Histoire montre le contraire: relations de forces, antagonismes, tissus de folies et vanités puériles («insociable sociabilité»). Seul l'établissement d'une Société permet de réaliser historiquement la fin ultime.
L'Histoire est á juger du point de vue de l'espèce et non de l'individu, de la raison personnelle, et ce par l'instauration d'une relation finale: l'instauration d'une Constitution Civile Parfaite laquelle est l'objet le plus élevé de la Culture, la finalité de l'Histoire ou du Bien souverain proprement terrestre.