A (Texto de A à Z)

Le dossier Texto de A à Z  regroupe des phrases ou textes d'auteurs. Ses mises à jour se feront en suivant l'ordre alphabétique.

Abîme
Du grec abussos. Pour Michel Tournier : sans fond, donc ne pas dire : « du fond de l’abîme » ; abyme, image abymée : affligée d’un trou sans fond qui est sa propre reproduction.

Absinthe
Du grec apsinthion : qu’on ne peut pas boire.

Absolu
Ce qui est par soi même, délié de toutes choses. Principe qui demeure en soi-même, s’auto-déplie, hors de toute réalité, de toute relation. Contrairement à ce que l’on pourrait penser,  immanent et non transcendant, l’absolu ne peut être soumis aux conditions d’aucun principe. Autant nier qu’il existe, le voir comme objet littéraire, poétique, parce que la raison, l’expérience, l’intuition, le déterminent. Tout ce qui est dit concernant l’absolu est tautologique : l’absolu, un point c’est tout.

Abstraction
Séparer, soutirer quelque chose, soustraire un élément d’un ensemble dont il est une partie non indépendante.

Accordéon
handaeline (en allemand) concertina (en anglais) accordéon (autrichien) + typotone, eolodicon, phyrsemonica, poïkilorgue, aerophone, antiphonel.

Agapes
Cet amour qui n'est ni Eros (pulsion), ni Philia (amitié), mais Agapè, ce don gratuit de soi pour l'autre.

Agon
La condition humaine est pur agon, lutte permanente avec soi-même, bataille d’une raison fragile qui accepte le défi des enthousiasmes, des folies et des stupidités.


Amitié
L’amitié sincère s’alimente de souvenirs et l’intéressée d’espérances




Amour
l'humain a besoin d'amour, quelle que soit sa situation, mais il n'y a rien dans son éducation qui empêche que le plus fort des amants exploite l'amour du plus faible. Toute l'œuvre de Fassbinder tourne autour d'un thème principal: l'amour est un instrument de domination, «il est le meilleur, le plus insidieux et efficace instrument de répression sociale…Celui qui aime ou celui qui est le plus dépendant d'une relation ou d'un amour, est le vaincu». Celui qui aime est en réalité celui qui a le plus de pouvoir: pour accepter l'amour, le sentiment de l'amour, simplement l'accepter, cela demande une "grandeur".
Fassbinder encore: les relations humaines fonctionnent suivant les lois de l'économie de marché: Jusqu'á la plus minime expression de sentiments est caractérisée par le plus vulgaire des matérialismes. 


Le couple: une bulle dans la bande dessinée...

Toni Morrisson: l'amour ne vaut jamais mieux que celui qui aime. Mais l'amour d'un homme libre n'est jamais sûr. Il n'y a pas de cadeau pour l'être aimé. Celui qui est aimé est dépouillé, neutralisé, figé dans l'éclat intérieur de celui qui aime.  

Anthropologie 
"Nul songe, nulle illusion à démasquer ici, nul voile posé sur les choses. Rien, seulement des hommes, et dans leurs gestes quelque chose comme l'expression la plus émouvante et la plus véridique de la tendresse humaine"(Lévi-Strauss à propos des Nambikwara).
"C'est par des chants que les peuples quittent le ciel de leur enfance pour entrer dans la vie active, dans le règne de la civilisation. C'est par des chants qu'ils retournent à la vie primitive" (Hölderlin)
"L'essence de la langue ne s'épuise pas dans la signification. Elle ne se borne pas à la sémantique et au sigle. Parce que la langue est la demeure de l'être nous n'accédons à l'étant qu'en passant constamment dans cette demeure. C'est pourquoi, le retournement hors de la région des objets et de leur représentation vers le plus intime de l'espace du cœur, n'est complissable, s'il l'est, que dans cette enceinte. (Heidegger).
Sur les Indiens Guayaqui du Paraguay (d'après Pierre Clastres): 2 est la division qui menace 1 pour les Grecs; 2 est le chiffre de la Terre oú l' 1 a disparu pour les Indiens (2 ne s'obtient ni par addition ni division mais en pensant la coprésence de ce que la vie sépare); 2 sexes: pour les Grecs, assignation d'une place au féminin à l'écart (idéalement) ou nulle part (si ce n'est à l'intérieur de l'homme)- 2 sexes et quelque chose entre les 2--- (1 et 2 donc 3). Pour les Indiens, homme contre femme, 1 contre 1 pas de tierce possible; le 1 est la réalité même du destin de l'homme.____ Lorsque l'on lit Lévi-Strauss, on découvre l'existence d'une chose, la société, que tout dans nos habitude modernes conspire à dissimuler ou à juger scandaleuse, aliénante, contraire à notre frénésie d'émancipation. Chez Lévi-Strauss on lit qu'en elle tout se tient, aussi bien chez les Indiens du Mato grosso que dans les pays industrialisés: bouger une pièce change l'équilibre général. C'est pourquoi elle est si fragile: pas tant sous le coup des crises que dans l'érosion désinvolte des habitudes et des valeurs qui vont de soi et sur lesquelles repose notre vie la plus simple. L'éblouissante fragilité des sociétés lointaines ou proches, en saisir l'atmosphère au-delà des individus qui les constituent, de leurs modes et coutumes, de leur histoire. La variabilité des cultures humaines aussi, car rien n'a de sens sinon ce qui est en train de se transformer: accepter par exemple qu'un film hollywoodien, comme le mythe selon Lévi-Strauss, n'a pas un sens figé, et qu'il en produit en combinant des aspects de la culture très éloignés les uns des autres, la religion et la bande dessinée, le cinéma et la métaphysique.

Apocalypse
apokalupsis Pour Michel Tournier: 1) révélation, dévoilement de la vérité  2) cataclysme, fin de monde –et si l’on pense que le monde est un tissus de mensonges, seule la destruction générale rendra visible la vérité.

Apocalypse Now
 
Aporie
"Une perplexité qui semble fermer á l'avance toute sortie possible; une question problématique qui représente une difficulté obstaculisante. Formellement elle peut se convertir en contradiction; cependant, lorsque, au contraire, elle rejette la formalisation logique et neutralise la capacité linguistique, on la nomme paradoxe. Ses tentatives de "dépassement" peuvent donner lieu aux formes dialectiques de l'illusion métaphysique, et les échecs répétés devant son inaccessibilité peuvent déclencher le nihilisme." (J.L. Pardo).
Il est probable que Nietzsche se référait á l'aporie lorsqu'il disait que n'importe quelle personne douée, choque dans son développement avec certains points limites de la pensée où: "la logique s'enroule sur elle-même et finit par se mordre la queue", et qu'elle constituait aussi une forme de savoir, celle qu'il désignait comme "connaissance tragique".
Pour Aristote ou Platon, point de départ de l'investigation scientifique, elle serait responsable de cette perplexité que serait la découverte de la philosophie. Lorsque le logos n`'était pas encore un ensemble de règles pour la construction de raisonnements cohérents, mais seulement une découverte liée á la praxis d'un savoir dans lequel la vérité et la vie étaient indissolubles, et qui très vite arriva á expérimenter la force terrible de la raison tant dans sa force autodestructive comme tragique selon Nietzsche (cf. les apories de Zénon).
En retour, Camus fait le point d'aporie de toute pensée dans l'enfant mort, hérité de Dostoïevski, qui incarne le nihilisme qu'il combat comme romancier (ce nihilisme qu'il nomme Auschwitz, Hiroshima, nazisme ou stalinisme): le cadavre de l'innocence constitue le plus irréfutable démenti de toute parole d'assentiment accordée á l'atrocité du monde.


La Peste d'Albert Camus
Nihilisme encore, dans L'étranger, La Peste où il mesure les effets dévastateurs de ce défaut de sens propageant partout le règne du crime et au creux silencieux duquel s'invente pourtant la possibilité d'une parole de vérité. Camus prend la mesure d'un âge (qui persiste) dominé par le régime "rationnel" d'une Terreur qui justifie l'abject et en diffuse planétairement les effets de masse. Que le crime, l'attentat aveugle, le calcul concentrationnaire, la logique génocidaire ne puissent jamais se prévaloir de la raison qu'invoque cyniquement le discours de l'Histoire, tous ses livres l'ont dit et répété á une époque où déjuger l'idéologie passait pour une naïveté.  

  


A suivre...