The stranger (ou Date with Destiny- en France: Le Criminel- Orson Welles-1946) raconte la recherche, par la Commission sur les crimes de guerre, de Franz Kindler (interprété par Welles), cerveau de la machine génocidaire nazie, transformé en un respectable professeur d'Histoire, Charles Radkin, dans une petite ville du Connecticut, Etats-Unis et marié à la fille d'un juge du Tribunal Suprême. L'utilisation d'un appât en la personne d'un de ses acolytes, Meineke, libéré pour l'occasion, mais bien sûr suivi par un responsable de la Commission, Wilson (Edward G. Robinson), va permettre de localiser Kindler et de refermer progressivement l'étau sur lui.
Considéré comme le premier film de fiction qui montre des camps d'extermination mis en place par l'Allemagne, The stranger eut un accueil favorable à sa sorte en salle et la nomination aux Oscars pour le meilleur scénario original (de Victor Trivas et probablement John Huston, co-auteur du scénario, qui n'est pas crédité au générique). Il a reçu le Lion d'or 1947 au Festival de Venise. Pourtant, le film est au niveau 95% du site Rotten Tomatoes et semblerait avoir été renié par Welles, C'est loin d'être mon avis: The stranger est un film engagé, politique et doublement noir: pour le traitement de l'image, l'atmosphère et le rythme–on retrouvera quelques scènes au début du film dans The Lady from Shanghai – et par le sujet.
Six ans avant The stranger, l'acteur Edward G.Robinson avait joué dans le premier film de propagande ouvertement anti-nazi produit par Hollywood: Confessions of a Nazi spy (Les aveux d'un espion nazi)de Anatole Litvak (voir CINEASTES DANS LES CAMPS) aux côtés de James Stephenson que nous retrouverons dans The letter (William Wyler-1940) aux côtés de Bette Davis dans nôtre Dossier FILM NOIR.
Huit ans après The stranger, sur le même thème, notons le film The juggler (Le jongleur de Edward Dmytryk-Produit par Stanley Kramer) avec Kirk Douglas (de son vrai nom Issur Danielovitch, fils d'émigrants de Bielorussie) dans le rôle d'un survivant des camps de concentration qui débarque à Haïfa en 1949.
L'ouverture de ce dossier est due au fait que, au-delà de son caractère de film noir, comme le seront par la suite The lady from Shaghai et Touch of evil dans la filmographie de Welles, ce film contient un dialogue et des images qui, en 1946 comme de nos jours, ont une force incontestable quant à la condition humaine. C'est là le grand mérite de Welles que de mettre toujours à nu dans son œuvre son engagement pour la justice et la liberté et contre les pouvoirs de domination.
Le Blog Prétextes essaie dans ce dossier:
-d'apporter quelques éléments sur sa préparation et sa réalisation principalement dans son aspect documentaire, après la parution d'images et de films d'archives sur les camps,
-de donner une analyse détaillée du film, en particulier quant aux discours que tiennent Franz Kindler ( Orson Welles) et le responsable de la Commission sur les crimes de guerre Wilson (Edward G.Robinson) et la stratégie que va employer ce dernier pour arriver à la capture du responsable nazi.
-de faire ressortir les aspects du film en relation avec le film noir, mais aussi de revenir sur les qualités… et défauts (?) qui ont fait l'objet de critiques et de réflexions.
Franz Kindler près du cimetière juif à Harper (Connecticut) |
Dossier THE STRANGER
Liens
Dans ce Blog- Gros Plan sur: CINEASTES DANS LES CAMPS(le détail de ce Dossier est donné en espagnol dans mon blog memento: CINEASTAS EN LOS CAMPOS)
Revue Les cahiers de la Shoah
Les camps nazis: actualité, documentaires, fiction