La bourde d'Angela

Elle porte un nom qui rime avec le miel, un prénom céleste, et l'union des deux laisse espérer l'artiste Merkelángela, ce son méditerranéen, si renaissance!…mais les enchantements du Sud ne font pas succomber Angela Merkel. Cela est une autre histoire…

Aujourd'hui, Angela attire l'attention avec cette phrase si représentative de ces politiques que nous subissons et que les journalistes (dans ce cas Der Zeit et Le Monde relaient sans commentaires:



«Je ne m'attendais pas à ce qu'un risque, que je jugeais jusque-là théorique et de ce fait acceptable, devienne réalité»

Vraiment peu inspirée la responsable politique allemande dans son entrevue avec Der Zeit pour justifier la planification de la sortie du nucléaire en 2022!

"Je ne m'attendais pas" est la confession de l'incompétence. Gouverner c'est prévoir disait le sage Mendès-France. Une confession qui entache la réputation de gestion rigoureuse et exemplaire pour le reste de l'Europe.

Bien plus préoccupant est la définition du risque que peut donner un politique qui, avec sa rhétorique, cherche à nous confondre: si le risque est théorique, où est le risque? Et si il est acceptable, cela signifie que la responsabilité du politique est engagée à partir des données du scientifique, qui lui ne parlera jamais d'un risque théorique et acceptable.

Fallait-il attendre Fukushima? Comment parler d'un risque théorique après la réalité de Three Miles Island et Tchernobyl même si la technologie de cette dernière centrale est différente? Cela signifie-t-il pour la responsable allemande que ses collègues, chefs d'Etat des pays voisins, ne voient pas la réalité et sont en train de soumettre leurs populations à un risque inacceptable?

Démocratie (réelle) et Liberté

Cette page appartient au Dossier: VIVRE ENSEMBLE

L'espace entre toi et moi

Toi et moi. Ce (et) entre toi, végétal, humain ou autre… (et) moi qui n'est pas le conditionnel ou la confrontation du (ou) mais l'espace (et) de la rencontre entre ce que je suis et ce que tu es. C'est l'espace où nos potentiels respectifs, ce dont chacun est constitué, dans sa biologie et ses conditionnements assumés, se rencontrent. C'est l'espace qui fait le (nous), mais aussi celui où je découvre ce champ où fleurit ma liberté.

Moi (et) les autres- ce (et) de l'espace public où mon potentiel peut se répandre dans l'imagination et la compréhension, lesquelles se concrétisent dans l'action libératrice. La liberté occupe l'espace public entre moi (et) les autres. Elle offre la créativité de ses initiatives et n'attend aucun privilège.

Les élites qui donnent leur talent en échange de privilèges ne sont pas libres; ils sont esclaves du pouvoir de domination que leurs privilèges leur confère avec le consentement de l'espace public qui se referme alors sur lui-même.

Ni la liberté ni l'égalité nous sont données

Malgré les préjugés pour le politique, les masses leur confie l'espace public. Or, on ne peut limiter la politique à la représentation de nos divisions par des partis de gouvernement qui utilisent l'alternance comme condition de la démocratie.

"L'égalité de Droit comme donnée de départ sert à couvrir les plus grandes inégalités". Dans la vie pratique, nous sommes toujours dans l'inégalité des rapports face à la connaissance, aux informations qui nous parviennent selon nos conditions d'éducation, notre provenance… L'égalité n'est donc pas une donnée de la démocratie, sinon un principe que les élites au pouvoir utilisent pour vanter les mérites du système qu'ils gouvernent et cherchent à perpétuer. Ni la liberté ni l'égalité nous sont données.

Dans une démocratie réelle, l'action sociale et politique est une approche patiente vers moins de domination et moins d'inégalité La démocratie est donc toujours en mouvement, en devenir, elle ne supporte la rhétorique des grands principes sinon le langage de l'approche réfléchie qui ne cherche pas à conclure.

Transformer l'espace de liberté

Nous devons bien reconnaître que la politique est ce qui détermine nos modes de vie dans le cadre, non nécessairement individuel, mais certainement social. Elle est donc ce qui nous permet de participer de l'aventure collective et, par conséquent, de comprendre les contraintes qui limitent le champ de nos libertés individuelles dans le contexte social duquel nous n'échappons pas.

Ainsi, la politique est ce qui me sensibilise quant aux possibilités que j'ai, comme être social, de construire ou transformer cet espace de liberté. Je me dois de me demander quelles sont mes possibilités de:

Créer cet espace de liberté où le territoire qu'il nourrit est sensible, rempli de l'élan vital qui lui est propre?
Reconnaître ses limites, toujours changeantes, dans un devenir incessant?
Ne pas envahir le territoire de l'autre ni laisser envahir le sien?
Reconnaître en lui les forces actives, vitales, et les forces réactives qui le conditionnent dans ses peurs?
Assumer les conflits qui se présentent dans une humanité aux spécificités multiples, différenciées qui opposent si violement parfois les groupes ou des personnes?
Reconnaître ainsi son potentiel réel, toujours variable, toujours sensible?

(Voir dans ce Blog: "La liberté comme espace")

Je me dois de reconnaître le caractère contraignant du VIVRE ENSEMBLE comme le pas nécessaire à la constitution de mon espace de liberté. A partir de cette reconnaissance je peux assumer mon action sociale et politique dans le cadre de mes possibilités et en prenant le risque de me tromper quant à ma capacité d'inventer ou d'anticiper. Les conséquences de nos actions collectives sur les générations futures font directement appel à ma responsabilité individuelle.

Il y a donc dans mon sentiment de liberté un compromis nécessaire. Il y a le futur qu'appelle ma responsabilité. Il y a le présent de mon action assumée, fondement de mon individualité, donc ma liberté.

Mais la liberté accepte-t-elle un compromis? Dois-je assumer cette contradiction ou ne vivre que dans le présent de ma liberté dont l'espace est dans l'instant vécu? Qu'en est-il alors de l'action politique? Ne faut-il pas revendiquer le chaos individuel qu'argumentent les manipulateurs de la peur pour perpétuer leur pouvoir dominateur au nom de la liberté individuelle? Pourquoi voir un chaos dans l'absence d'organisation programmée? Car cette dernière ne peut que brider ma liberté et me conduire à une relation dominant/dominé si je relâche mon contrôle sur elle.

HANNAH ARENDT, Domination et Liberté

L'élaboration du Dossier VIVRE ENSEMBLE se fait en résonance avec l'actualité des mouvements populaires dans divers pays, méditerranéens en particulier. Ceux-ci nous semblent traduire sans ambiguïté cette action politique qui a marqué profondément l'oeuvre de Hannah Arendt. En complément au dossier cité, nous ouvrons dans ce Blog le dossier ARENDT, DOMINATION ET LIBERTÉ, qui réunit quelques citations de l'auteure et divers commentaires.


Pour Arendt, il y a une nécessité de compréhension de l'action politique qui puisse aboutir à ce qui est contenu implicitement dans le concept de Polis, à savoir la liberté. Mais il n'y a pas de compréhension de la politique sans une compréhension de l'individu, puisque l'action politique est profondément humaine, ce qui amène Arendt à traiter de l'imagination et la mémoire.

Au sujet de la démocratie athénienne, elle distingue la sphère de la nécessité, qu'elle développe dans le concept de labeur comparé au travail de la sphère de la liberté qui est celui de l'action par la compréhension:

«Les hommes vivaient ensemble, portés par leurs nécessités et exigences. Cette force qui les unissait était la vie même… qui, pour la préservation de l'individu et la survie de l'espèce, nécessite"la compagnie des autres"… Ainsi, la communauté naturelle de la famille naquit de la nécessité…La sphère de la polis, au contraire, était celle de la liberté et il existait une relation entre ces deux sphères du fait que, en toute logique, le domaine des nécessités vitales dans la famille définissait la condition pour la liberté dans la polis».

L'espace public, le vivre ensemble dans la compagnie des autres, est donc l'espace de l'action politique, espace de liberté.

La liberté est mise en évidence par son absence.
Le sentiment de liberté dans un vivre ensemble n'est-il pas lié à la domination, au pouvoir du tyran dans le passé, au pouvoir de quelques uns aujourd'hui. La chute des empires vit l'apparition du totalitarisme comme nouvelle réalité politique possible. Elle qui en a étudié les origines situe ainsi le totalitarisme: «La compréhension préliminaire [celle qui, pour Arendt, est la condition implicite pour qu'existe la connaissance des phénomènes] lui a collé l'étiquette de problème fondamental et de danger le plus significatif de notre époque».

Le thème de la domination, du pouvoir, que Arendt distingue du potentiel de l'individu et de la puissance du vivre ensemble, fera l'objet de notre première page Arendt et la domination dans ce Dossier car, dans la crise politique, économique et financière que les humains vivent sur tous les continents, c'est bien ce qui ressort avec le plus d'acuité, au-delà des préjugés que les masses peuvent avoir sur un système aujourd'hui globalisé.

Il sera suivi du thème de la compréhension et de l'action politique: Arendt et la liberté, sans entrer dans la comparaison labeur-travail-action qui déborde notre propos, celui du Dossier VIVRE ENSEMBLE.



Le ruban blanc-Haneke

Dossier. HANNAH ARENDT, Domination et Liberté

En préparation
Arendt et la domination
Arendt et la liberté
Arendt et la participation

VIVRE ENSEMBLE

Ce printemps nous avons vu se faire l'Histoire au présent dans Marenostrum, se déployer "la politique" dans le sens que lui donne Hannah Arendt , cette capacité d'aller vers ce qui n'est pas encore, l'introduction de l'inconnu dans le connu, la manifestation de l'intempestif, l'inattendu dans l'apathie de la normalité.


L'action

Des individualités, ici et là, dans la pluralité des initiatives, essaient de construire un "vivre ensemble", retrouver les fondements de la politique que le système politique, qu'il soit dictatorial ou démocratique, tente d'étouffer par sa fonction représentative.

C'est par la participation des pluralités que l'action humaine peut initier une chaîne d'évènements qui ont le pouvoir d'interrompre et transformer des processus politiques et sociaux, de rompre avec le passé et changer ainsi le cours de l'histoire. Parfois aussi, l'action politique du "vivre ensemble" laisse apparaître sa fragilité et l'incertitude de son parcours.


Comprendre

Les mots de "Démocratie réelle" –puisqu c'est de cela qu'il s'agit dans ce printemps historique–, les couples représentation / participation, oppression / liberté, domination / égalité, Etat de droit / dictature, …demandent un effort quand il s'agit de les intégrer au le monde sensible qui nous constitue. Ce sont des mots qui ne deviennent lisibles que lorsque l’on sent en soi ce qui convient d'être contesté ou combattu, soutenu ou atteint et les moyens correspondant à chacun d'eux.

Il s'agit de comprendre, de vivre la tension entre la pensée et l'action, vivre en soi la résonance des mots. C'est l'autre face de l'action, «un processus compliqué qui ne produit jamais des résultats évidents, una activité san fin…par laquelle nous acceptons la réalité, nous nous réconcilions avec elle, ce qui revient, en fait, à essayer d'être en harmonie avec le monde» nous dit Hannah Arendt.

Comprendre, c'est encore la nécessaire réflexion sur le déroulement des évènements subis au siècle précédent, sur la domination par des Etats qui ont recouvert leurs déchirements passés du voile d'une monnaie unique. C'est aujourd'hui l'urgence d'un examen critique de la domination des peuples par un empire mercantile et anonyme qui, par son appétit de croissance, cherche à vider de toute substance le projet du "vivre ensemble". Car, au-delà de l'affect que la nature nous offre, il y a dans l'humain une force d'attraction vers le collectif, le vivre ensemble.
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Ma réflexion et ma volonté de comprendre représentent mon action sociale et politique, loin de toute volonté d'expertise (dont je n'ai pas les moyens) ou de positionnement citoyen (qui me limiterait au projet d'un Etat reconnu), sinon comme simple humain, élément d'une humanité errante.

Commencées dès la création de ce Blog, ces bribes de réflexion seront regroupées, en les actualisant, dans le présent dossier.



Sortie d'école



Dossier: VIVRE ENSEMBLE
Mise à jour le 24 Juin 2011

En préparation
Démocratie réelle: la participation


Entrées associées

Liberté individuelle ou servitude?

Ce texte est une annexe à la page: Démocratie (réelle) ou domination publié dans le Dossier. VIVRE ENSEMBLE en cours de préparation.

Lorsque nous envisageons la possibilité d'une action politique, de vivre la politique, nous nous trouvons face à un système de pouvoir qui a établi. A partir d'une idéologie, un modèle de développement socio-économique qui prend appui sur une structure militaire et financière. Et ce, quelle que soit l'idéologie et le pays.

Dans le quotidien de l'espace public, le système de pouvoir donne une représentation qui nous inclut comme agents directs et nous soumet à des modèles de conduite et de connaissance spécifiques en accord avec la idéologie qui le guide.

Une action politique, dans de telles conditions, demande une réflexion préalable sur le degré de domination du système, de soumission de l'individu, et met en évidence l'état opposé qu'est la liberté de l'individu social.

«Nous avons enseigné aux gens à renoncer à l'exercice du pouvoir social. Et ils ont renoncé au profit de belles représentations qui incitent les masses à chercher ailleurs leur valeur et leur devenir» dit Jean-Léon Beauvois dans son "Traité de la servitude libérale: analyse de la soumission".

A la réflexion la plus évidente que l'on puisse faire sur la soumission dans le cas de la dictature: «comment tant d'hommes, tant de villes et tant de nations se soumettent parfois au joug d'un seul tyran, qui n'a pas plus de pouvoir que celui qu'ils veulent bien lui donner» s'ajoute la dénonciation par Beauvois des démocraties qui se définissent à elles-mêmes comme libérales. Sous la supposée liberté de choix des individus, se cache cette étrange intériorisation de la soumission dont tant l'école comme la famille ont participé. Est-il possible que nous arrivions à aimer nos chaînes? Pourquoi? Dans la liberté de choix, le vote, se trouve la paradoxe de la puissance dominatrice.

L'obéissance de "la majorité silencieuse" à cette représentation quotidienne du pouvoir correspond à ce que Hannah Arendt[1] appelle "la courroie de transmission" dans sa description du totalitarisme . Ce qui amène Beauvois à parler de "démocraties totalitaires", d'un totalitarisme libéral qui propage l'idée d'un individualisme libéral.

C'est cet individualisme libéral qui, chaque jour, répète cet ordre: «Oubliez vos ancrages et vos identités sociales puisque vous ne pouvez être vous-mêmes avec ces identités et ancrages. Laissez faire les gens compétents comme le veut la raison». Pour Beauvois, cet ordre appelle à «une transgression et cette transgression est urgente. Elle ne peut passer autrement que par la lutte contre les arbitraires hiérarchiques ou corporatives et le retour à des projets autogestionnaires».

Le libéralisme, en effet, interpelle le citoyen avec le même discours que le totalitarisme: "ce qui t'est proposé, bien que cela puisse te paraître une pression externe, correspond à ton propre bien". C'est un discours qui met l'accent sur les intérêts propres à l'individu, sur "ce qu'il veut réellement… sans le savoir". S'il y a une différence avec le totalitarisme, elle réside dans le fait que le totalitarisme impose au sujet son propre bien –oblige la personne à être heureuse pour son bien "parce qu'il y a un bien commun supérieur que tu ne perçois pas". Le libéralisme, lui, fait référence à la nature intérieure du sujet «il s'accroche à la fiction d'une autoperception libre et immédiate du sujet: "je n'affirme pas savoir mieux que toi ce que tu désires, simplement regardes en toi et décide librement ce que tu désires!"».



Dans son introduction au livre de Beauvois, Slavoj Zizek, que nous venons de citer, fait référence à "La société du risque" de Ulrich Beck. Citons ce dernier: «l'idéologie dominante s'efforce de nous vendre la même insécurité provoquée par le démantèlement de l'Etat de bien-être comme une chance pour atteindre de nouvelles libertés: "vous devez changer de travail chaque année et dépendez de contrats de courte durée au lieu d'un poste stable et durable? Pourquoi ne pas considérer cela comme une libération des restrictions dues à un poste fixe et l'occasion pour vous réinventer à chaque fois, pour capter et comprendre les potentiels cachés de votre personnalité?"… "Vous n'avez décidément plus confiance dans les régimes de santé et de retraite conventionnels au point que vous devez opter pour une couverture complémentaire qu'il faut payer? Pourquoi ne pas le voir comme un supplément d'opportunité de choix, soit une meilleure vie maintenant soit la sécurité à long terme?"… Et si une telle façon de voir vous rend anxieux, l'idéologue postmoderne de la "seconde modernité" vous accusera immédiatement d'être incapable d'assumer une entière liberté ou de fuir de la liberté, d'être immature en vous attachant aux vieilles formes stables».

Ainsi, nous dit Zizek, le libéralisme des démocraties avancées, en invoquant la nature du mental de l'humain comme raison à son obéissance, en arrive au paradoxe suivant: les individus libéraux sont les moins libres des individus. Ils acceptent l'argument par lequel «ce qui leur est en fait imposé soit supposé surgir de leur nature. Ils ne sont même pas conscients de leur subordination».

Notes
[1] dans ce Blog -Dossier HANNAH ARENDT, Domination et Liberté (à ce jour en préparation)

Démocratie (réelle) ou domination

Cette page appartient au Dossier VIVRE ENSEMBLE en cours de préparation.

Nous expérimentons la démocratie de la représentation. Elle se caractérise par l'a priori d'un projet national et d'une nation souveraine . Nous avons déjà traité de la souveraineté dans le Dossier LES RÈGLES DU JEU quant à la "Vulnérabilité et la sécurisation du pouvoir global". Cette souveraineté nationale se manifeste particulièrement dans la décision, laquelle est le monopole du chef d'Etat dans les régimes républicains ou de gouvernement dans les régimes à monarchie parlementaire.



La décision

La décision du chef confirme la souveraineté du pays lorsqu'elle montre son caractère absolu, libéré de toute obligation normative dans, par exemple les états dits "d'exception" comme la crise économique, la révolte ou, bien sûr, la guerre . Mais ce caractère absolu tend à devenir la norme lorsque la majorité de la représentation politique est du même parti que le "souverain", ce qui est le cas le plus fréquent. La souveraineté est en fait aux mains d'un corporatisme.

Le culte de la personnalité qui caractérise les démocraties modernes, ces sociétés du spectacle annoncées par Guy Debord, accompagne l'acceptation de telles prises de décisions comme preuves de dynamisme et d'esprit d'initiative du souverain élu (voir dans ce Blog "Construction de l'espace public mondial").



Cependant, la décision absolue met en relief les limites du système démocratique en vigueur, la faiblesse des institutions et se traduit dans les faits par une situation politique du type dominant / dominé, à la condition que la désinformation qui la porte n'aveugle pas le citoyen.



Le monopole de la violence

De plus, en démocratie représentative la décision du souverain se prend dans un contexte d'antagonisme entre partis dont la logique est l'affrontement. Il y a les alliances et l'attaque direct des (ou aux) opposants. Dans le cadre de la politique extérieure, l'affrontement est latent ou déclaré, il y a toujours un ennemi désigné, que ce soit un pays ou une idéologie censée menacer les "intérêts vitaux" de la souveraineté. Aussi, les démocraties qui s'autoproclament avancées se retrouvent souvent en contradiction avec les principes de liberté et de droit des individus.



La rhétorique du pouvoir dominant est que les humains peuvent légitimement utiliser leur potentiel pour créer une véritable puissance d'initiatives. En réalité, le pouvoir s'approprie de cette puissance au nom d'une souveraineté nationale qui s'affronte au danger et à la compétition internationale et organise la fusion entre puissance et violence.

Max Weber nous dit que le pouvoir politique a le monopole de la violence, ce qui revient à affirmer que la violence est son moyen spécifique et exclusif. Il définit l'Etat comme une relation de domination d'hommes sur d'autres hommes qui se maintient au moyen de la violence. Le monopole de la violence étatique permet au souverain de décider de la dissolution de manifestations pacifiques, de désigner l'ennemi là où il lui convient, dans ses villes ou dans d'autres capitales.

Le potentiel des humains, dans leur diversité, se voit ainsi frustré. Leur capacité d'initiatives est utilisée par l'Etat, contre eux si nécessaire. La puissance et la violence de l'Etat envahissent l'espace public, qui devrait être celui de la politique, au bénéfice des moyens et des fins de ce que l'on nomme le politique.







La domination

Au niveau international, le pouvoir de décision appartient à un club restreint qui pilote la gestion du monde, dont le moteur est un système économique et financier opaque dans l'espace public, et ce au nom du bien de l'humanité. C'est ce que Bertrand Badie nomme "le Directoire du monde" qui, sous la forme de G8 ou G20 «incarne le poing de la puissance dans un gant de paix universelle».

Une "élite" domine l'espace public propre à l'ensemble des nations, c'est-à-dire à l'humanité. Il s'est formé une oligarchie, ou plutôt uneoligo-cratie (voir Arkhos et Kratos dans ce Blog), qui dispose d'une puissance idéologique basée sur l'intégration des pouvoirs politique, économique, financier et bien entendu médiatiques. C'est un empire mercantile globalisé, tel que nous l'avons décrit dans LES RÈGLES DU JEU.

Cette oligarchie dirige les projecteurs de ses médias là où elle le désire: ce sont les messes des G7, 8, 20…et des cénacles comme le Forum de Davos, le Groupe Bilderweg, la Commission Trilatérale ou se retrouvent les partis de gouvernement états-uniens et ceux du centre et de la droite européenne, ou encore les réservoirs de réflexion, think tanks, si influents.

La tentation est grande de voir complot et conspiration dans un tel pouvoir concentré de domination. Il serait pourtant plus réaliste de décrire une telle organisation comme un maillage complexe d'intérêts économiques, financiers, de groupes de personnes dans le cadre d'une dynamique sociale autonome comme le signale Noam Chomsky.



Le conditionnement

Ce qui est par contre évident est la capacité de conditionnement propre à ce type de domination qui gère les affaires communes à l'ensemble des individus dans l'intérêt de quelques uns et démontre la faiblesse du système politique sinon sa complicité.

C'est en effet le politique qui, relayé par les médias, a la charge de l'image et des mots, dans le cadre d'une rhétorique de la liberté individuelle et de l'égalité des droits, tout en donnant à la sécurité la part qui convient dans ce conditionnement. C'est là l'idéologie de la démocratie liberale, qui se traduit par la soumission des individus (Voir Liberation ou servitude?, dans ce Blog- chapitre Texto et qui traite du livre de Jean-Léon Beauvois "Traité de la servitude libérale: analyse de la soumission")



Ainsi, le mirage de la liberté fait oublier la relation directe, biologique, au bien commun qui est le fondement d'une Démocratie Réelle. L'aliment et la matière première qu'offre la nature ne sont plus que le résultat d'une chaîne de production. Les services publics, au lieu de dépendre des intérêts et des nécessités directes de tous comme bien commun, sont cédés à des entreprises privées qui ont comme moyens la compétitivité et comme finalité le bénéfice des actionnaires. Les conditions d'exploitation des ressources énergétiques sont en contradiction avec les fondements d'une Démocratie Réelle, bénéficiant à certains au détriment de tous, voire au risque de mettre en danger la santé et la vie dans le cas des émanations de gaz ou de radioactivité.

Le droit des individus est bafoué dans l'indifférence et l'obsession de la sécurité devient le prétexte à l'exclusion et la violence. L'individu conditionné ne voit pas la contradiction qu'implique la liberté individuelle qu'on lui propose avec le système de sécurité qu'on lui impose. Applaudissant l'instauration de cette fausse démocratie dans les anciennes dictatures, il ne sait pas que ce sont les élites qu'il a élu qui mettent en place ceux qui deviendront les élites élues de ces démocraties naissantes.

Le pouvoir politique, au lieu de prévoir les flux et les devenirs de ceux qui l'ont élu pour cela et gouverner avec le recul nécessaire, peut alors s'accorder parfaitement aux problèmes de la société en les traitant au jour le jour, toujours dans l'obsession de la sécurité, donc en manipulant les peurs, et il sait promouvoir l'exclusion plutôt que l'inclusion.

L'individu conditionné ne sait pas qu'il a élu un pouvoir populiste qui, au-delà de cette gouvernance au jour le jour sait parfaitement faire le jeu des grands monopoles économiques et financiers. Et ce, même en pleine crise internationale, malgré les promesses d'un contrôle et d'une régulation de ces monopoles. L'individu, dans son conditionnement et son ignorance, vote contre lui-même.

Il ne sait pas qu'en exprimant son indignation, face à la situation que génère un tel système, il maintient le dialogue avec les élites.

Il ne sait pas qu'en revendiquant, au nom d'une Démocratie Réelle, un type de représentation politique plus en accord avec les devenirs de la société, il fait en sorte que ce système oligarchique se perpétue.

Reste que ces pulsions émotionnelles traduisent un réveil du coma social profond dans lequel se trouve la masse des individus européens. La véritable révolution ne serait-elle pas, en fait, ce phénomène de rébellion qui porte en soi la constitution d'un espace de liberté? Comme dit Hannah Arendt , si la grande majorité des humains exerçait son pouvoir, c'est-à-dire son action concertée, il n'existerait aucune domination qui puisse les avilir.