"Z":(Cycle:Au temps des mensonges)

L’assassinat politique, le pouvoir, la corruption et la manipulation s’affrontent à la justice, à la dignité personnelle et à la démocratie. L’autoritarisme lutte contre la liberté de la presse. Dans "Z", le passage de la démocratie au fascisme est vu sous l’angle de la relation entre lo pouvoir militaire et le pouvoir judiciaire.


Affiche du film à Séville
Z, c’est il est vivant en grec. C’est la lettre que les opposants au gouvernement de Grèce marquent sur les murs lorsqu’ils protestent contre l’assassinat du député Gregoris Lambrakis en 1963, un évènement qui inspire l’écrivain Vassilikos et, à partir de son roman, à Costa Gavras qui réalise Z sur un scénario de Jorge Semprun. Le compositeur Mikis Theodorakis, emprisonné en ce  temps des mensonges de la dictature des colonels, offre au réalisateur de choisir la musique qui lui convient dans son répertoire. Les difficultés de production conduiront l’équipe à aller tourner en Algérie et les acteurs, principaux et seconds rôles,  accepteront de diminuer considérablement leur cachet. Lorsque, après Mai 68, le film sort en salles, il reçoit un accueil triomphal et obtient une pluie de prix, sans pour autant être exempt de critiques (Cahiers du cinéma).

PLAN PANORAMIQUE
Le film, tourné après la prise de pouvoir par les colonels en 1967,  situe l’action avant leur coup d’état, au temps des soupçons et des mensonges, dans une ambiance de pression internationale pour l’installation de bases militaires américaines et de l’OTAN en Grèce. 



Un politique pacifiste

 

L'attentat sous le regard impassible des forces de l'ordre

 Le coup d’Etat instaure une Junte militaire qui suspend la Constitution. Un contrecoup des militaires réalistes échoue et oblige le roi Constantin II à l’exil. Le nouveau régime, après une répression sanglante, instaure une République en 1973 et l’instigateur du coup d’Etat, Georges Papadopoulos est désigné comme président. Il est renversé quelques mois plus tard par un autre coup d’Etat. Le régime des colonels essaie de dévier l’attention de cette instabilité par une intervention à Chypre, sans avoir compté avec l’intervention turque dans le Nord de l’île, ce qui déjoue leurs plans. Le gouvernement démissionne et le politique conservateur et monarchique Karamanlis est rappelé de son exil.



Les média et l'armée



La justice et l'armée



La Constitution antérieure de 1952 est rétablie, les prisonniers politiques libérés, les partis politiques légalisés. Des élections sont convoquées et …Karamanlis est élu. Le 8 Décembre 1974, le peuple grec peut enfin voter un référendum qui rétablit le modèle républicain. L’année suivante, les chefs du coup d’Etat sont jugés et les protagonistes sont condamnés à la prison à perpétuité.

REGARD CRITIQUE  
La version originale parle du mouvement d’extrême droite qui organise l’assassinat du politique, interprété par Yves Montand, comme Combattants Royalistes de l’Occident Chrétien (CROC), alors que la version anglaise le traduit par Organisation Chrétienne Monarchique contre le Communisme. Serait-ce là la concession nécessaire pour la consécration du film aux Oscars ?
Homme de la résistance au franquisme et au nazisme, emprisonné pendant deux ans dans le camp de Buchewald, Jorge Semprun signe le scénario du film après avoir collaboré avec Alain Resnais dans La Guerre est finie (sur un exilé communiste espagnol). Il fera ensuite avec Costa Gavras L’aveu et Section Spéciale, puis avec Yves Boisset L’attentat, programmé dans ce cycle, avant de revenir au projet de La Guerre est finie avec une deuxième partie dirigée par Joseph Losey : La route du Sud. Semprun considère le cinéma comme un instrument politique et offre au public un travail qui permet la formation d’une conscience politique. Au moment de sa sortie en salles, Z représente la référence du cinéma politique des années 60 et 70 du 20ème siècle. Bien que le film présente les évènements de façon plus viscérale que rationnelle et réflexive, il accomplit son but pour ce qui est de la dénonciation des injustices et la condamnation internationale de la Junte des colonels. Il fut bien sûr interdit en Grèce jusqu’en 1974 et en Espagne jusqu’en 1976. Il reste un évènement marquant pour toute une génération.


Quelques unes des interdictions pendant "La Grèce des colonels"

Nous restons en Europe pour le prochain film du cycle et remontons dans le temps pour nous situer aux derniers jours de la démocratie en Allemagne avant la montée au pouvoir de Hitler: M le maudit de Fritz Lang